Adulée des petites filles et détestée des féministes, la poupée Barbie existe depuis 55 ans. On la connaissait très mince et blonde. Cette image va changer, puisque son fabricant Mattel a annoncé jeudi l'arrivée d'une nouvelle génération de poupées. Désormais, Barbie aura plusieurs silhouettes : petite, grande ou ronde. Objectif : ressembler davantage à la population d'aujourd'hui. Un passage incontournable selon Jean-François Adamieu, sociologue et directeur de l’Observatoire des discriminations.
"C'était une obligation". L'auteur de Le poids des apparences - Beauté, amour, gloire était l'invité d'Europe midi vendredi. Pour lui, "les fabricants de jouets sont obligés de répondre aux sollicitations, aux pétitions d’un certains nombre de gens qui voulaient que les jouets ressemblent davantage à la vraie vie". Et cela, pour une simple et bonne raison selon lui, "ces silhouettes trop minces ont des effets négatifs, notamment sur les enfants. C’est la raison pour laquelle ils l’ont fait. Mattel avait d’ailleurs essayé de commercialiser des personnes en fauteuil roulant ou des personnes handicapées mais cela n’avait pas vraiment marché mais par exemple, Lego vient de le faire, avec un personnage âgé en fauteuil roulant".
"Ils vont jusqu'au bout". Depuis la fin des années 60, il existe une Barbie de couleur noire, tout comme un personnage noir chez Lego. Pour Jean-François Adamieu, il est donc "assez naturel de diversifier les silhouettes". Il se réjouit toutefois qu'"à l’époque, Mattel avait fait en sorte que cette Barbie noire n’ait pas toutes les caractéristiques d’une personne de couleur noire, par exemple avec sa coupe de cheveux. Donc pendant plusieurs années, Mattel n’est pas allée au bout de sa poupée. Mais là ce qui est intéressant avec Barbie, c’est qu’il n’y a pas seulement une Barbie ronde, il y a aussi sept couleurs de peau différentes donc c’est rompre avec une vision trop simpliste".
"C'est le signe d'un virage". Jean-François Adamieu explique donc que, "le fait que Lego et Mattel annoncent en même temps des Barbies rondes et de couleur et des personnes en fauteuil, c’est vraiment le signe d’un virage. Il y a certes des intérêts commerciaux mais aussi une forte pression de l’opinion publique". Et ces poupées devraient avoir de la demande comme l'affirme le sociologue, "la moitié des américains sont en surcharge pondérale, il y a 30% d’obèses aux Etats-Unis et 18% en France, ce sont donc des clients !".