La polémique sur le port du burkini, ce maillot de bain qui recouvre le corps de la tête aux pieds, n'a pas fini d'enfler. Considérant que cette tenue est inappropriée, pour des raisons de laïcité, d'hygiène ou d'ordre public, plusieurs communes, notamment Cannes, Villeneuves-Loubet dans les Alpes-Maritimes ou Sisco en Corse, l'ont interdite.
Difficile d'invoquer la laïcité. Une interdiction qui ne va pas de soi, selon Jean-Louis Bianco, président de l'Observatoire de la laïcité, joint par Europe 1. "Je ne pense pas qu'on puisse invoquer, comme le fait semble-t-il l'arrêté, la notion de tenue respectueuse de la laïcité", estime-t-il. "Ce qui est interdit dans l'espace public, donc dans la rue ou sur une plage, c'est le voile intégral. Le burkini en tant que tenue n'est pas interdit." De fait, il ne dissimule pas le visage, raison pour laquelle la loi bannit la burqa.
" Ce qui est interdit dans l'espace public, c'est le voile intégral. Le burkini en tant que tenue n'est pas interdit. "
Or, dans le cas de la ville de Cannes, l'arrêté d'interdiction du maillot de bain de la discorde mentionne bel et bien le respect de la laïcité. "L'accès aux plages et à la baignade sont interdits à compter de la signature du présent arrêté jusqu'au 31 août 2016, à toute personne n'ayant pas une tenue correcte, respectueuse des bonnes mœurs et de la laïcité", précise le texte.
Des raisons d'hygiène. Ce n'est cependant pas le seul argument utilisé pour justifier le bannissement du burkini des plages cannoises. L'arrêté appelle aussi à respecter "les règles d'hygiène et de sécurité des baignades adaptées au domaine public maritime". Pour Jean-Louis Bianco, il peut y avoir des "raisons d'hygiène qui font que, de même qu'on interdit des shorts et qu'on oblige les hommes à avoir des slips de bain, on peut estimer qu'on ne peut pas venir se baigner habillé". C'est déjà le cas dans les piscines, où le burkini est interdit. À la plage en revanche, où les hommes peuvent venir en shorts, il est plus difficile d'invoquer des raisons d'hygiène.
Ordre public. Enfin, Jean-Louis Bianco souligne que les villes peuvent aussi "invoquer des raisons d'ordre public, en disant que cela va créer des perturbations ou des troubles". Un argument retenu par le tribunal administratif de Nice, qui a refusé de suspendre l'arrêté pris par la mairie de Cannes. "Mais ça, il faut le démontrer sous le contrôle du juge", souligne le président de l'Observatoire de la laïcité. Si le burkini aurait été à l'origine d'une rixe en Corse, entraînant une interdiction de la commune de Sisco, ce n'est, a priori, pas le cas à Cannes.