Bizutage à l'Ensam d'Angers : sanctions et fin des périodes d'intégration

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avec AFP
De sanctions allant de l'avertissement à six mois d'exclusion ont été prononcées à l'encontre dune dizaines d'étudiants.

L'École nationale supérieure des arts et métiers (Ensam) a annoncé vendredi dans un communiqué des sanctions allant de l'avertissement à six mois d'exclusion après des incidents lors d'un rituel d'intégration en octobre, à Angers, ainsi que l'arrêt définitif de ces périodes d'intégration qui suscitent la polémique.

Brûlures. Ces sanctions, prises lors d'un conseil de discipline mercredi à Paris à l'encontre d'une dizaine d'étudiants, font "suite aux dérives qui ont eu lieu sur le campus d'Angers", indique la direction de l'Ensam. Elle annonce par ailleurs "mettre fin définitivement" à ce qu'elle appelle "la période de transmission des valeurs". "Malgré les mesures d'encadrement prises par mon prédécesseur au cours des trois dernières années, cette période donne lieu à des dérives potentiellement dangereuses et qui ne sont pas admissibles dans notre établissement", affirme Laurent Champaney, directeur général de l'Ensam. C'est dans le cadre de l'une de ces cérémonies d'intégration, le 11 octobre dernier, que des étudiants ont été brûlés sur les bras avec une cuillère chauffée à blanc.

L'inspection saisie. Aucune plainte n'a été déposée, ni par les étudiants, ni par leur famille. L'Inspection générale de l'administration de l'éducation nationale et de la recherche (IGAENR) a toutefois été saisie par le ministère de l'Enseignement supérieur "afin de comprendre comment de tels comportements peuvent perdurer malgré les mesures prises ces dernières années". Alors que les conclusions de l'enquête de l'IGAENR ne seront pas connues avant la fin janvier, la direction de l'Ensam, "attachée à ce que les ingénieurs qu'elle diplôme soient détenteurs de valeurs humaines fortes", a donc déjà sévi en interne.

Des précédents. "L'arrêt de cette période de transmission des valeurs, qui ne correspond pas du tout à ce que l'on peut attendre d'une grande école d'ingénieurs, est une bonne chose", a réagi Marie-France Henry, présidente du Comité national de lutte contre le bizutage. "J'espère que les sanctions, tout à fait correctes, feront réfléchir les auteurs de ces pratiques", a-t-elle ajouté. "Quelle image cela donne-t-il de notre future élite et de la façon dont elle sera amenée à se comporter en entreprise ?" En février 2016, les ministres de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur, alertés par un rapport sur des pratiques de bizutage à l'Ensam, avaient promis de les faire cesser en réformant la gouvernance de l'école. Un précédent rapport avait déjà été commandé en 2014 à l'IGAENR à la suite de témoignages faisant état de dérives, de pratiques de bizutage et de plusieurs incidents graves survenus en marge d'événements liés à la vie étudiante de l'établissement.

Les locaux historiques de l'Ensam sont situés à Paris. L'école dispose aussi de plusieurs campus en régions. Depuis la loi du 17 juin 1998, le bizutage est interdit en France. Il est passible de six mois d'emprisonnement et 7.500 euros d'amende, que la victime soit consentante ou non.