Les infirmiers et infirmières réclament une hausse de leur salaire. Photo d'illustration. 1:43
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Romane Hocquet, édité par Antoine Terrel , modifié à
Alors que débute lundi le "Ségur de la santé", les infirmiers et infirmières réclament une hausse de leur salaire. Pour arrondir leurs fins de mois, de nombreux professionnels effectuent des heures supplémentaires dans des établissements privés, même si la pratique est illégale. 

Après de longues semaines en première ligne face à l'épidémie de coronavirus, le personnel soignant attend de pied ferme le coup d'envoi lundi du "Ségur de la santé", et les nouvelles négociations avec le ministre de la Santé Olivier Véran, notamment sur les conditions de travail et la question des rémunérations, par exemple des infirmiers et infirmières. Avec 1.500 euros nets en début de carrière, et 2.400 euros avant la retraite, la France est un des pays où ils sont le moins bien payés par rapport à la moyenne européenne.

Pour s'en sortir financièrement, certains infirmiers travaillant dans le public vont jusqu'à effectuer des "ménages", des heures supplémentaires dans des établissements privés pour gonfler leur fiche de paie. Une pratique illégale que le gouvernement voudrait stopper, mais nécessaire selon les professionnels rencontrés par Europe 1. 

"À la fin du mois, je ne peux pas me payer à manger. Ce n'est pas possible, on a des vies entre nos mains ! Débuter à 1.650 euros, c'est juste intolérable", confie Fabien, infirmier la nuit qui, le jour, devient formateur dans une école d'infirmiers pour compléter son salaire. Une vingtaine d'heures pour 150 euros de plus par mois, qu'il effectue en toute discrétion. "Je n'ai pas demandé d'autorisation spécifique à l'hôpital", reconnaît-il. "C'est le monde à l'envers. On est dans un monde où on doit se cacher, et se dire 'je le fais, c'est mon temps perso'", poursuit-il. "Je ne le répète pas à tous mes collègues, car ça peut m'attirer des problèmes."

"Ça a des conséquences sur notre fatigue"

En effet, cette pratique peut être sanctionnée par un blâme, voire une mise à pied. Un risque que prend aussi Camille, une infirmière qui peine à rembourser ses crédits. Durant ses jours de repos, elle travaille dans une clinique, mais reconnaît que cette activité supplémentaire peut être dangereuse pour la sécurité des soins. "Cela m'est déjà arrivé de faire des semaines à rallonge, avec 10-12 jours de suite", raconte-elle. "Si je cumule les jours dans l'hôpital, plus ceux dans la clinique privée où je fais des remplacements, forcément, ça a des conséquences sur notre fatigue."

Mais Camille serre les dents. Ces heures supplémentaires dans le privé lui rapportent 400 euros par mois. Et pour elle, pas question d'arrêter tant que son salaire de base n'aura pas été augmenté.