De violents affrontements entre migrants afghans et africains jeudi en plusieurs endroits de Calais, ont fait 22 blessés, dont quatre par balle étaient entre la vie et la mort dans la nuit de jeudi à vendredi, selon des sources concordantes.
Cinq blessés par balle. Dans l'après-midi, une première rixe a éclaté vers 15h30 entre une centaine de migrants érythréens et une trentaine d'Afghans, près du centre hospitalier de la ville, selon la préfecture. Quatre migrants, qui seraient âgés de 16 à 18 ans et de nationalité érythréenne, ont été blessés par balle lors de ces affrontements et leur "pronostic vital était engagé", a déclaré le parquet de Boulogne-sur-Mer. Dans la même rixe, trois autres souffraient "de multiples blessures", selon la préfecture du Pas-de-Calais, qui n'avait pas de détails sur l'identité des victimes. La Direction régionale de la police judiciaire (DRPJ) et la brigade mobile de recherches de la police aux frontières ont été saisies. Aucune interpellation n'avait eu lieu dans la soirée.
D'autres rixes dans l'après-midi. Vers 16 heures, une deuxième rixe s'est déroulée à environ 5 km de là, à Marck-en-Calaisis, près du centre de logistique Transmarck. "Une centaine de migrants africains armés de bâtons ont voulu s'en prendre à une vingtaine d'Afghans", a indiqué le parquet, qui a précisé qu'un car a été affrété pour amener les Afghans au centre d'accueil et d'examen des situations (CAES) de Belval. La police a protégé les Afghans pris à partie par 150 à 200 Érythréens, selon la préfecture. Puis en fin d'après-midi, de nouvelles violences ont éclaté dans la zone industrielle des dunes à Calais, non loin du site de l'ancienne "Jungle".
"Les Afghans sont venus pour une distribution de repas rue des Verrotières et sont tombés sur une forte présence africaine. On a eu un mouvement de foule qui a entraîné des blessés avec des barres de fer", a indiqué le parquet. Six migrants ont été blessés selon le parquet, dont un grièvement à la tête, comme l'a constaté un correspondant de l'AFP sur place. Gérard Collomb a annoncé vendredi matin qu'"un certain nombre de forces pour pouvoir continuer à protéger dans les jours qui viennent" avaient été renvoyées.
Collomb parle d'une "escalade de violence insupportable". Arrivé sur place en début de nuit, le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb a déploré un "degré de violence jamais connu" et des événements "exceptionnellement graves". "On a atteint une escalade de la violence devenue insupportable pour les Calaisiens et les migrants", a-t-il ajouté depuis les lieux d'une des rixes.
"Tout cela est le résultat d'une situation extrêmement tendue du fait de l'action des passeurs et de la pression policière. Elle est le résultat d'un hiver qui se prolonge avec des conditions atmosphériques très difficiles qui font que les gens sont stressés", explique au micro d'Europe 1 François Guénoc, de l'Auberge des migrants. Les distributions de repas ne reprendront que si la sécurité des associations est assurée.