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Nina Droff, édité par Gauthier Delomez , modifié à
Dans certaines petites communes, ce sont les maires qui ont la lourde tâche de sceller les cercueils avant les incinérations et certaines inhumations. Pour le maire d’Ars-Laquenexy, en Moselle, cette tâche prend une place grandissante à cause de fermetures de chambres funéraire.
REPORTAGE

Chalumeau à la main, Dominique Strebly, le maire d’Ars-Laquenexy en Moselle, fait fondre un bâton de cire rouge, avant de le frapper du sceau de sa ville. Le maire de cette petite commune de 950 habitants appose ce sceau chaque jour sur les cercueils des personnes décédées à l’hôpital de Mercy, rattaché à sa commune. C’est une obligation légale pour les incinérations ou les cercueils fermés sans famille pour s’assurer qu’ils ne soient pas ouvert.

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Le maire de la commune appose ce sceau chaque jour sur les cercueils.
Crédits : Nina Droff/Europe 1

445 cercueils scellés en un an

En général, dans les grandes villes avec des services de police, ce sont des officiers qui s’occupent de fermer ces cercueils et dans les cas où la famille est présente, les services funéraires peuvent le faire. Mais pour les cercueils des petites communes, où il n’y a pas de police, c’est le maire ou un de ses adjoints qui doit s’en charger. "Je vérifie l’identité de la personne qui est dans le cercueil, puis je vais apposer le sceau sur les deux vis qui ferment le cercueil pour qu’on ne puisse plus l’ouvrir", explique Dominique Strebly.

Avec l’hôpital de Mercy, installé sur sa commune, cette tâche représente une grande partie de son quotidien. En un an, lui et son adjoint ont scellé 445 cercueils. "Tous les jours, je dois aller à la morgue pour sceller des cercueils. Parfois j’en ai cinq ou six par jour", soupire-t-il au micro d'Europe 1. "Quelquefois, je manque des votes ou des réunions importantes à la métropole parce qu’il faut que j’aille fermer ces boîtes. C’est un travail fou !"

À la mairie, une personne est entièrement détachée pour ne s’occuper que de la gestion des décès de cet hôpital. "Ça nous coûte cher en temps et en argent", concède Dominique Strebly.

Une charge de travail supplémentaire

La charge de travail n’est pas prête de s’alléger car le CHR de Metz-Thionville a fermé une de ses chambres funéraires, et les corps sont transférés vers la commune d’Ars-Laquenexy. Pour le maire, c’est le coup de grâce. "On ne m’a même pas consulté. Je me retrouve avec 70 décès en plus à gérer ! Je ne le ferai pas. Je refuse de sceller des cercueils qui arrive d’autres communes. Je ne peux pas faire plus."

Il est hors de question pour lui de consacrer plus de temps à cette tâche qui le détourne déjà "bien assez" de ses tâches habituelles de maire. "Je suis là pour administrer ma commune avant tout ! Pas fermer des boites !", lance-t-il. D’autant plus que cette responsabilité n'est pas anodine. "J’ai deux adjoints qui ne veulent pas le faire. C’est normal, c’est très particulier. On voit des corps tous les jours... Vous avez des fois à fermer des cercueils de bébé ! Ça laisse des traces", déplore-t-il.

Le maire a écrit au préfet pour réclamer une solution, et il refuse toujours catégoriquement de sceller les cercueils venus d’autre commune. De son côté, le CHR de Metz-Thionville affirme que la chambre funéraire a été fermée pour donner un espace d’accueil plus grand aux proches des défunts dans un souci de confort et de dignité. Le centre hospitalier affirme que la part de décès transférés à l’hôpital de Mercy reste marginale. "Seuls cinq décès sont enregistrés chaque mois à l'Hôpital Felix-Maréchal où la chambre funéraire a été fermée. Une majorité de ces défunts ne sera pas transférée à la chambre mortuaire de l'Hôpital Mercy", précise le CHR.