Le candidat Emmanuel Macron avait promis d’interdire les téléphones portables à l’école et au collège pendant sa campagne, Jean-Michel Blanquer n’a pas traîné pour l’appliquer. A la rentrée prochaine, cette mesure sera effective. Sans préciser les contours de la future interdiction, le ministre de l’Education nationale a toutefois rappelé en décembre dernier l’importance du téléphone "pour des usages pédagogiques" et "pour des situations d’urgence".
Quant aux techniques pour priver les enfants de leur smartphone, Jean-Michel Blanquer avait assuré qu’un rapport lui serait bientôt rendu sur le sujet. Selon les informations recueillies par Europe 1, ce devrait être au printemps procain. Mais une telle interdiction est-elle réellement possible ? Quelles sont les possibilités pour décrocher les enfants et les ados de leurs smartphones ?
Une interdiction qui existe déjà. En 2015, plus de huit adolescents sur dix possédaient un smartphone, selon une étude du Credoc (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie), contre deux sur dix en 2011. Les portables sont donc extrêmement présents dans les cours d’école et de collèges. Même s’ils sont… interdits. Le code de l’éducation dispose en effet que le téléphone est interdit "durant toute activité d’enseignement et dans les lieux prévus par le règlement intérieur" de chaque établissement. Seulement voilà, cette règle est très compliquée à faire respecter par les enseignants et surveillants.
Ces établissements qui appliquent déjà cette interdiction. Pour bien montrer qu’une telle interdiction est bien réalisable, Jean-Michel Blanquer a assuré en décembre dernier que cette règle "existait déjà" dans de très nombreux collèges. C’est le cas dans les Côtes d’Armor au collège La Gautrais, à Plouasne. "On a 300 élèves et seulement une dizaine de cas par an où on est obligé de sévir", constate le principal de l’établissement, Yves Koziel. Dans ce collège, la règle est simple : le portable n’est pas interdit mais son utilisation, oui. Le téléphone doit être éteint toute la journée.
En France, un établissement sur deux aurait déjà mis en place cette interdiction, selon le ministère de l’Éducation nationale. Aux Bordes, dans le Loiret, le collège Geneviève de Gaulle-Anthonioz, l’interdiction existe depuis de nombreuses années. "Quand les élèves utilisent leur téléphone, ils sont confisqués", explique le principal Laurent Foussereau. "On le rend aux parents le soir-même ou le lendemain". La mesure est bien respectée par les élèves même s’ils ont quand même demandé l’année dernière une utilisation de leur smartphone pendant la pause déjeuner. La mesure a été débattue mais unanimement rejetée. "Cette interdiction évite la tentation de prendre des photos dans la cour ou de jouer un jeu stupide sur les réseaux sociaux", affirme Laurent Foussereau.
Casiers, fonds de sac ou encore responsabilisation. Actuellement, le ministère répertorie toutes les initiatives prises partout en France pour voir les avantages et les inconvénients. La France pourra aussi regarder à l’étranger les expérimentations mises en place. A New York, les portables ont été interdits en 2006 avant d’être autorisés à nouveau en 2015 par le maire Bill de Blasio – chaque établissement choisit désormais sa propre règle.
En Angleterre, de nombreuses expérimentations ont été lancées. Dans certains établissements, les élèves doivent déposer leur téléphone dans le fond de leur sac. Dans d’autres collèges, un casier personnel est prévu à cet effet. Au Brighton college, une cure de "détox" du portable permet de responsabiliser les élèves en fonction de leur âge – plus les collégiens grandissent, plus ils maîtrisent leur consommation et plus ils ont droit au téléphone dans l’établissement. Cette mesure est globalement bien acceptée. Une étude vient même abonder dans le sens de cette interdiction. Selon une enquête de la London School of Economics de 2015, citée par Le Figaro, dans les établissements qui bannissent complètement le portable, les bénéfices pourraient être équivalents à une semaine de cours supplémentaires sur l’année.
Au ministère de l’Éducation nationale, aucune piste n’est pour le moment privilégiée. "Il y aura probablement plusieurs méthodes proposées pour mettre en place cette interdiction", nous explique-t-on. "Une marge de manœuvre sera laissée aux dirigeants des établissements".