Coronavirus Prêtre 1:53
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Justin Morin, édité par , modifié à
L'épidémie de coronavirus perturbe fortement des calendriers religieux très denses en cette période, notamment chez les catholiques et les juifs. Et dans ce contexte de confinement, le rôle des prêtres évolue, mais pas leurs convictions.

Semaine sainte chez les catholiques, Pessa'h mercredi soir pour les juifs… Ce début de mois d'avril est une période dense pour les religions. Ces habituels moments de communion sont cette année bouleversés par l'épidémie de coronavirus, qui oblige chaque Français, croyant ou non, à rester confinés. Dans ce contexte, les prêtres éprouvent des difficultés à garder un lien avec les fidèles, et à poursuivre "normalement" leur activité. Pourtant, le besoin d'écoute de la part des fidèles est, lui, très présent.

À côté de Mulhouse, le père Marc Schimtt a enterré deux prêtres et trois personnes d'une même famille emportées par le virus. "À un moment donné, quand on prend trop de coups, on n'a plus la force de réagir", raconte celui qui se vit comme un homme "en deuxième ligne" face au virus. "Notre rôle, c'est un rôle d'écoute, d'accueillir la souffrance, de permettre à ces gens-là de pouvoir déposer quelque chose de ce qu'ils vivent. On est prêtres pour pleurer avec ceux qui pleurent et rire avec ceux qui rient, même si c'est difficile parce qu'on est tous marqués par la peur de tomber soi-même malade."

Réseaux sociaux, boîte aux lettres…

La peur d'être malade, et le deuil, forcément, à l'heure des enterrements limités à une poignée de proches. "Je pense à cette femme de l'Ehpad de Crépy-en-Valois, dont la sœur qui partageait la chambre à l'Ehpad ne pouvait pas venir aux obsèques", se souvient le prêtre Guillaume Deveaux, qui officie dans un foyer de l'épidémie. "Je lui ai proposé de suivre par téléphone. Elle chantait, elle répondait, et je crois qu'on a vécu l'un et l'autre un moment unique.

Le téléphone, les réseaux sociaux, parfois juste un message dans la boîte aux lettres… Les deux prêtres tentent de maintenir un lien avec la sensation peut-être plus que d'habitude de remplir leur mission, dans une période en tous points inédite.