Préfète Nouvelle-Aquitaine 1:37
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Stéphane Place, à Bordeaux, édité par et Tiffany Fillon , modifié à
Europe 1 suit vendredi la préfète de Gironde et de Nouvelle-Aquitaine, chargée de faire appliquer localement les mesures annoncées jeudi soir par Jean Castex. Pour convaincre ses interlocuteurs parfois irrités, Fabienne Buccio multiplie les échanges et les concertations. Pour une meilleure application d'un confinement destructeur pour l'économie ?
REPORTAGE

Il n'y aura donc pas de réouverture pour les commerces fermés depuis deux semaines. Seules des mesures d'allègement sont envisagées à partir du 1er décembre, un aménagement dont ne bénéficieront pas les bars, les restaurants et les salles de sport et qui sera conditionné à une amélioration sur le front de l'épidémie. Au lendemain des annonces de Jean Castex, il appartient désormais aux préfets de mettre en place ces mesures. Toute la journée de vendredi, Europe 1 suit la préfète de la Nouvelle-Aquitaine et de la Gironde, aux côtés des élus et des commerçants locaux.

"Aggravation" des mesures

Depuis le début de la matinée, les réunions se sont enchaînées en visio-conférence dans cette salle du cinquième étage de la préfecture, à Bordeaux. La préfète s'entretenait avec les élus locaux et les acteurs économiques de la Gironde en fin de matinée. À tous, Fabienne Buccio rappelle les chiffres de l'épidémie dans le département et note les demandes sur l'organisation des tests ainsi que sur les mesures de soutien financier apportées par l'État.

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"Vous savez qu'un préfet ne peut pas diminuer ce qui est décidé au niveau national, ce qui est normal. Mais par contre, je peux les 'aggraver'", affirme Fabienne Buccio. "Je souhaite prendre un arrêté interdisant l'ouverture de commerces à partir de 22 heures." Sont notamment ciblées les épiceries de nuit, "de manière à éviter que l'épicerie de nuit se transforme à l'intérieur en autre chose avec la vente d'alcool et parfois, des files d'attente. Ça crée de vrais regroupements et donc des clusters. Et je stopperais aussi le click and collect à partir de 22 heures."

Inquiétude des restaurateurs

Cet arrêté préfectoral, qui doit entrer en vigueur dès vendredi soir, inquiète le représentant départemental des hôteliers et restaurateurs, comme ailleurs en France. Laurent Tournier craint que cette fermeture dès 22 heures complique le click and collect dans les restaurants girondins à partir de ce week-end.

Vendredi après-midi, dans cette journée marathon, c'est au grand public que la préfète de la Gironde a précisé et justifié la poursuite de ce confinement, via un point presse. "Il faut que j'introduise la mesure complémentaire que je prends par rapport aux décisions nationales", résume-t-elle avant sa prise de parole. "Je le fais à quel moment ?", demande-t-elle à sa responsable de la communication. "Ce serait plus cohérent que ce soit après le préfet délégué, quand il va parler des contrôles", lui répond-t-elle.

Quelques minutes plus tard, devant les micros, la préfète a annoncé qu'elle avait décidé de prendre une mesure supplémentaire et spécifique pour le département de la Gironde. "Certains établissements, je pense notamment aux épiceries de nuit, se maintiennent ouverts toute la nuit et souvent, se transforment en des lieux de rassemblement avec vente d'alcool et parfois avec d'autres trafics" a déclaré Fabienne Buccio. "Ces établissements sont en assez grand nombre pour devoir prendre une mesure générale de fermeture à 22 heures des commerces alimentaires, y compris, le click and collect", a-t-elle poursuivi. 

"Chaque mot a son importance"

Ce discours devant les médias représentait un enjeu majeur dans cette prise de décision difficile. "Chaque mot a son importance", souligne-t-elle. "C'est par l'intermédiaire des médias que l'on va passer le message au grand public et c'est tout de même lui que nous voulons protéger", ajoute-elle. 

Après l'annonce de ces mesures, une autre étape attend Fabienne Buccio. "Ces décisions, j'y ai réfléchi avec mes équipes et il m'a paru que ce sont les meilleures décisions donc il faut que je les défende, que je les explique", précise la préfète.