Darmanin et Dupond-Moretti ministres : des féministes dénoncent un "remaniement de la honte"

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Des féministes ont protesté mardi, lors de la passation de pouvoirs entre Gérald Darmanin et Christophe Castaner. © Thomas COEX / AFP
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Jean-Gabriel Bourgeois, édité par Pauline Rouquette avec AFP , modifié à
Au lendemain des nominations de Gérald Darmanin et d'Éric Dupond-Moretti, des militantes féministes ont dénoncé mardi un "remaniement de la honte". En cause : la plainte pour viol visant le nouveau ministre de l'Intérieur, et les propos sexistes prononcés par le tout frais Garde des Sceaux. 

La passation de pouvoirs entre Christophe Castaner et Gérald Darmanin et le Conseil des ministres ont été perturbés, mardi, par des actions coup de poing organisées par des militantes féministes. Celles-ci ont massivement dénoncé la nomination de Gérald Darmanin au ministère de l'Intérieur, malgré la plainte pour viol qui pèse sur lui, mais aussi la désignation d'Éric Dupond-Moretti, épinglé pour avoir critiqué le fait que "siffler une femme" dans la rue "devienne une infraction pénale". Europe 1 revient sur cette première polémique pour le nouveau gouvernement de Jean Castex. 

Un "enterrement" symbolique de l'égalité femmes-hommes

"Darmanin violeur, État complice !" La scène s’est passée mardi à proximité des grilles de l’hôtel de Beauvau, quelques minutes avant l’arrivée de Gérald Darmanin pour la passation de pouvoirs. Masque sur le visage, une vingtaine de militantes féministes, qui répondaient à un appel spontané sur les réseaux sociaux, ont été repoussées par des policiers. Même scénario devant l’Élysée à l’entrée du Conseil des ministres. Des Femen enjambent les barrières de sécurité, criant "remaniement sexiste, réponse extrémiste".

Place de la Madeleine, dénonçant un "remaniement de la honte", une cinquantaine de militantes du collectif #Noustoutes, vêtues de noir, ont elles procédé à l'enterrement symbolique de l'égalité femmes-hommes, décrétée "grande cause du quinquennat" par l'exécutif. "Deux hommes qui jouaient le rôle de Darmanin et de Dupond-Moretti ont déposé un cercueil qui représente cette 'grande cause du quinquennat', et des femmes sont venues déposer des roses sur le cercueil", explique d’une des militantes présentes sur place.

Dans leur viseur, Gérald Darmanin, toujours visé par une information judiciaire pour viol, dans le cadre de laquelle le Cour d’appel de Paris a demandé la reprise de l’enquête le mois dernier, mais aussi Éric Dupond-Moretti, nommé Garde des sceaux, ministre de la Justice. "Un violeur à l'Intérieur, un complice à la Justice", ont-elle également scandé. Elles reprochent en effet à Éric Dupond-Moretti "un désintérêt et des attaques" contre les prises de paroles de femmes victimes de violences.

Le gouvernement défend ses ministres

Si l’entourage du chef de l’État a affirmé, lundi soir, que la plainte pour viol visant le nouveau ministre de l’Intérieur ne représentait pas un obstacle à sa promotion, le gouvernement monte, lui aussi au créneau pour défendre Gérald Darmanin. Mardi, le nouveau porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a balayé la question. "Je ne crois pas que le gouvernement porte moins haut la cause de l’égalité femmes-hommes", a-t-il dit. En réponse à des questions de la presse, ce dernier a défendu la "présomption d'innocence" due à son collègue.

L'avocat de de Sophie Patterson-Spatz, la plaignante qui accuse Gérald Darmanin de viol, a répondu en exprimant son "choc", mardi matin sur Europe 1. "Cette nomination, c’est un choc, je ne vais pas le cacher. A ma connaissance, c’est du jamais vu en France", a réagi Me Elodie Tuaillon-Hibon. La sénatrice PS, Laurence Rossignol, de son côté, a qualifié ces nominations de "formidable claque" donnée à ceux qui luttent contre les violences sexuelles.