Décès d'une femme aux urgences à Paris : l'enquête interne pointe une "série de dysfonctionnements"

La patiente avait été admise peu avant 19 heures et avait été retrouvée morte le lendemain matin.
La patiente avait été admise peu avant 19 heures et avait été retrouvée morte le lendemain matin. © THOMAS SAMSON / AFP
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avec AFP , modifié à
Cette enquête interne avait été ouverte après la mort d'une femme 12 heures après son admission aux urgences, mi-décembre à Paris. 

L'enquête interne sur le décès inexpliqué d'une patiente aux urgences de l'hôpital Lariboisière, en décembre à Paris, pointe "une série de dysfonctionnements" dans sa prise en charge, dans un contexte plus général de manque de moyens, selon ses conclusions dévoilées lundi.

La "surveillance" de la patiente de 55 ans, retrouvée morte presque 12 heures après son admission, son "identification" erronée et un "délai de prise en charge très important" font partie des défaillances soulevées dans le rapport commandé par l'Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP) et l'Agence régionale de santé (ARS) d'Ile-de-France. L'enquête interne ne précise pas les causes du décès, encore inconnues et relevant d'une enquête judiciaire.

"Une surcharge sur l'activité de garde". Si "le tri et l'orientation" de la patiente, reçue par une infirmière 10 minutes après son arrivée à 18h40 le 17 décembre, ont "été conformes aux procédures du service et aux recommandations nationales", aucune réévaluation de son état n'a été effectuée entre 21H et minuit. C'est à cette heure qu'elle a été appelée pour la première fois, plus de cinq heures après son inscription. Il s'agissait alors de l'installer dans un box d'examen. 

"Deux appels (...) n'ont pas abouti à l'identification de la patiente dans une salle d'attente surchargée", notent les auteurs du rapport, la patiente n'ayant pas répondu, peut-être en raison de son nom erroné. Elle a été considérée comme sortie "sans vérification des bracelets des malades en attente". "Ces écarts aux bonnes pratiques ont eu lieu dans un contexte où l'activité", avec 249 passages, "était supérieure à la moyenne", de 230 passages par jour environ à Lariboisière, note l'AP-HP dans un communiqué. Les effectifs paramédicaux étaient au complet ce soir-là mais l'absence d'un médecin en journée a entraîné "une surcharge sur l'activité de garde".

Les urgences les plus fréquentées de la région parisienne. Plus généralement, "le ratio des effectifs médicaux (...) au regard de l'activité, est inférieur à celui des autres urgences de l'AP-HP", alors même que les urgences de Lariboisière sont les plus fréquentées de la région parisienne, avec plus de 85.000 passages par an. En outre, l'établissement du Xe arrondissement accueille de nombreux patients précaires "avec ou sans pathologie" qui alourdissent la charge de travail des paramédicaux, relèvent les auteurs du rapport.

Autre problème, la "surface" et le nombre de boxes d'examen insuffisants qui contribuent à l'engorgement du service "en soirée", selon le rapport. Ses auteurs formulent une dizaine de recommandations pour Lariboisière et au-delà, appelant plus largement à une "réflexion nationale sur la définition de normes relatives aux moyens nécessaires" dans les services d'urgences.