Après trois semaines de débats qui ont viré au procès de l'antiterrorisme, le tribunal correctionnel de Paris rend jeudi son jugement sur les huit membres du groupe libertaire de Tarnac poursuivis notamment pour des dégradations sur une ligne SNCF.
Des peines symboliques. Des peines symboliques allant de 1.000 euros avec sursis à 6 mois de prison ferme, ont été requises ce qui, si elles étaient confirmées, éviterait aux huit prévenus, dont certains ont connu des mois de détention provisoire, de retourner en prison. "Il faut prendre en compte le temps passé et (leur) personnalité. Et la société n'aurait rien à gagner à ce qu'ils soient condamnés à des peines qui les ramèneraient en prison", a expliqué le procureur Olivier Christen après avoir défendu un dossier vivement critiqué. Les avocats de la défense ont eux plaidé une relaxe générale en demandant notamment au tribunal de refuser d'avaliser "les méthodes" employées par l'antiterrorisme dans ce dossier.
Huit prévenus. Les huit prévenus du dossier, cinq hommes et trois femmes âgés de 31 à 43 ans, ont été jugés pour association de malfaiteurs, dégradation d'une ligne SNCF, violences lors d'une manifestation à Vichy, recel de documents volés et refus de se soumettre à un prélèvement biologique. Des qualifications passibles de cinq ans de prison. Parmi eux, Julien Coupat, longtemps présenté par l'accusation comme le théoricien du groupe et son ex-compagne Yildune Lévy.
Un procès hors norme. Hors norme, le procès l'a été dès le premier jour, marqué par la manifestation de militants qui portaient des masques représentant le procureur. Les prévenus ont vite accaparé la parole, désorganisé les débats et assuré leur propre défense. Enfin, événement rarissime, le tribunal s'est déplacé en pleine nature pour vérifier la conformité d'un procès-verbal contesté.
Une enquête politisée ? L'enquête elle-même avait été peu ordinaire : ouverte pour terrorisme le 11 novembre 2008 avec l'arrestation des prévenus devant des caméras par 150 policiers cagoulés, l'instruction s'est close dix ans plus tard par de simples poursuites de droit commun. Des voix ont dénoncé l'influence politique de l'ex-ministre de l'Intérieur Michèle Alliot-Marie, qui avait théorisé le retour d'une ultra-gauche violente en France, la partialité du premier juge Thierry Fragnoli ou le rôle trouble des services de renseignement.