Les syndicats CGT, CNT et Solidaires du ministère du Travail et des affaires sociales dénoncent jeudi des "violences sexistes et sexuelles" au sein de leur ministère qu'ils accusent de "passivité", dans une lettre ouverte à leur ministre, Muriel Pénicaud.
"L'État ne peut se passer d'être exemplaire en son sein... Nous sommes loin du compte au ministère du Travail" où "de nombreux cas sont relatés à nos organisations syndicales d'agressions sexuelles, d'exhibitionnisme, de harcèlement sexuel et de discriminations", écrivent les syndicats dans cette lettre dont l'AFP a obtenu copie. Cette lettre a été adressée à Muriel Pénicaud ainsi qu'à la secrétaire d'État chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa.
De la "violence institutionnelle". "Les rares agentes qui nous ont permis d'intervenir se sont heurtées au mépris le plus total de l'administration, quand ce n'était pas à la violence institutionnelle", poursuit le texte qui détaille plusieurs exemples. "Ces pratiques enferment les agentes dans le silence et le ministère ne se donne même pas les moyens de connaître la réalité des violences sexistes et sexuelles subies par elles de la part de la hiérarchie, de collègues, d'employeurs et d'usagers", dénoncent encore les syndicats, parlant d'"intolérable" qui "ne doit plus être toléré".
Les syndicats disent attendre "des mesures pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles contre lesquelles il (le ministère) doit protection à ses agentes". Plus généralement, concernant le recueil de la parole des victimes de violences sexuelles au travail, les syndicats estiment qu'il "est parfaitement inutile de prétendre renforcer l'action des services de l'État dans un contexte de réduction massive d'effectifs". Ils rappellent qu'au cours des cinq dernières années "le nombre d'agents de contrôle est passé de 2.289 à 1.800, soit la suppression d'un poste sur cinq", alors que de nouvelles réduction sont prévues pour 2018.
Le ministère du travail ne souhaite pas répondre. Dans leur lettre, les syndicats réclament des "formations", dont manquent les agent(e)s, et notamment les inspectrices et inspecteurs du travail, afin d'accueillir les victimes et de recueillir leur parole. Interrogés par l'AFP, le ministère du travail n'a pas souhaité réagir tandis que le cabinet de Marlène Schiappa a dit ne pas avoir reçu ce courrier.