La prise en charge des malades d’Ebola est-elle totalement sécurisée ? En France, la question est à nouveau posée alors qu'une aide-soignante espagnole a contracté le virus Ebola en soignant deux porteurs du virus. "Il y a évidemment eu un problème quelque part ", avance Frédéric Vincent, porte-parole de la Commission européenne qui exige de l’Espagne des "éclaircissements". Le virus Ebola est situé au niveau 4 dans le classement des agents biologiques pathogènes. C’est le cran le plus élevé, où Ebola côtoie l’anthrax et la variole. Europe 1 vous détaille le protocole rigoureux dressé dans deux avis du Haut Conseil de la santé publique (HCSP), en cas d'arrivée en France d'un patient contaminé.
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De caisson en caisson. Si un cas chez un Français était confirmé dans un des pays touchés par l'épidémie, une première évaluation serait effectuée pour s’assurer qu'il est transportable. Si c’est le cas, un avion civil ou militaire équipé spécialement d’un caisson d’isolement serait alors utilisé pour son transfert dans l'Hexagone. Pour l’atterrissage, les aéroports de grande affluence sont naturellement exclus pour privilégier les aéroports militaires.La volontaire française de MSF touchée par le virus a par exemple atterri à Villacoublay.
Le malade serait alors pris en charge par une ambulance du Samu ou des sapeurs-pompiers de Paris. Il est soit transporté dans son caisson au sein de l’ambulance, soit transféré du caisson de l’avion vers le caisson de l’ambulance.
Par la suite, l’intérieur de l’avion et de l’ambulance ainsi que le matériel utilisé seraient entièrement désinfectés.
Sas et pression négative. Un malade d’Ebola rapatrié en France n’atterrirait pas dans n’importe quelle structure hospitalière. Le ministère de la Santé a désigné un établissement ou plus par région apte à recevoir ces patients. Ils ont la particularité de posséder une chambre d’isolement dans leur service de maladies infectieuses. Elles sont équipées d’un sas et d’une pression négative, c’est-à-dire que l’air est retenu à l’intérieur. Tout déplacement de fluides corporels (gouttelettes, postillon…) vers l’extérieur de la chambre est ainsi rendu impossible.
Ces hôpitaux doivent aussi posséder une chambre d’isolement en service de réanimation, un laboratoire d’un niveau de confinement élevé ainsi qu’une aire d’hélicoptère. L’hôpital Bichat de Paris possède, en plus, la particularité de pouvoir transporter un malade d’Ebola vers sa chambre d’isolement par une entrée spéciale, ce qui évite qu'il croise d’autres patients.
Des soignants formés et équipés. Une fois dans sa chambre, le patient revêt un pyjama et un masque chirurgical qu’il ne doit pas quitter.
Seul le personnel soignant est autorisé à rentrer dans la chambre d’isolement, mais équipé d’accessoires à usage unique : sur-blouse imperméable à manches longues, double paire de gants, charlotte, sur-chaussures étanches, port de lunettes couvrant largement les yeux, appareil de protection respiratoire. Avant l’entrée dans la chambre, les soignants font une vérification croisée de leur tenue.
Depuis le début de l'année, dans chaque établissement de référence, des soignants ont reçu une formation poussée pour accueillir en toute sécurité un patient Ebola.
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Quid des déchets ? Désinfection de l’ambulance, équipements des soignants à usage unique mais aussi vêtements, vomi et excréments du patient … Classés comme "DASRI" par les autorités (déchets d’activités de soins à risque infectieux), ils ont un fort potentiel infectieux. D’abord inactivés avec un passage à l’eau de javel, ils sont ensuite autoclavés, c'est-à-dire enfermés dans des contenants hermétiques. Leur destination ? Un incinérateur.
Et en cas de décès ? Au cas où le virus d’Ebola n’est pas avéré, le corps est placé dans une double housse, dans l’attente des analyses. Si le patient est mort du virus, le corps est enfermé sans délai dans un cercueil hermétique équipé d’un système épurateur de gaz. Si non, il est mis en bière normalement.
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