2:38
  • Copié
Antoine Terrel
Invitée lundi d'Europe 1, Anne Gintzburger, qui a suivi pendant six mois des femmes "gilets jaunes" pour une série de documentaires diffusés sur France 3, est revenu sur le profil de ces manifestantes ayant investi les ronds-points pour partager leur colère. 
INTERVIEW

Pendant six mois, elle est partie à la rencontre des "femmes en jaunes". Dans une collection documentaire dont le premier numéro, La marche des femmes, doit être diffusé ce lundi soir sur France 3, Anne Gintzburger dresse le portrait de plusieurs femmes ayant occupé les ronds-points de France au sein du mouvement des "gilets jaunes". Ces femmes, souvent en situation de grande précarité, ont manifesté par leur participation à ce mouvement leur "besoin de réinvestir le champ politique", note-t-elle au micro d'Europe 1. 

Les participantes au mouvement avaient différents profils, se souvient-elle, avec à la fois "des femmes en grande précarité", mais aussi des femmes qui travaillent tout comme leur mari, mais "ne s'en sortent pas", ou encore des femmes seules, "les familles monoparentales étant les plus impactées par la précarité". 

"Prendre la parole, c'est une liberté retrouvée"

"J'ai vu les femmes se lever le 17 novembre, mais encore plus dès janvier, pour s’inscrire dans une parole que j'ai trouvé très libre et affranchie de toute récupération politique", raconte la réalisatrice pour expliquer son envie de se lancer dans cette série de documentaire. "Elles ont eu cette parole libre pour revendiquer des choses très concrètes du quotidien comme vivre de son travail, élever ses enfants dignement, mais aussi pour être considérées". Or, ajoute Anne Gintzburger, "prendre la parole, c'est une liberté retrouvée". 

"Le mouvement est en train de muter"

Alors qu'un an après le début du mouvement, la question de la suite de la mobilisation se pose, Anne Gintzburger estime que "quelque chose s'est passé durant ces mois qui s'est pour partie usé, qui n'a pas pu se poursuivre". Mais, ajoute-t-elle, si le mouvement ne s'est pas structuré, "il est en train de muter, et les femmes sont dans la durée. Elles travaillent dans le quotidien". 

Cette mobilisation de ces femmes pourrait-elle se concrétiser par une entrée en politique ? "Au sens étymologique du terme", nuance Anne Gintzburger. "Les femmes que j'ai rencontrées ont ce besoin de réinvestir le champ politique, d'être actrice de ce qui se passe dans leur commune, de leur quotidien".