Enquête pour viols sur mineures visant Gérald Marie, figure des agences de mannequins

Gerald Marie Elite
Gérald Marie, ici en 2004, est aujourd'hui propriétaire d'une agence parisienne de mannequinat. © LIU JIN / AFP
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avec AFP , modifié à
Une enquête pour "viol et agression sexuelle sur mineur" a été ouverte, lundi, visant Gérald Marie, ancien directeur Europe de l'agence de mannequins Elite. Plusieurs signalements d'ex-mannequins et une plainte d'une ancienne journaliste avaient été déposés.

Une enquête a été ouverte, notamment pour viols sur mineures, visant Gérald Marie, ancien directeur Europe de l'agence de mannequins Elite, à la suite de la plainte d'une ancienne journaliste de la BBC et de trois signalements d'ex-modèles. C'est ce qu'a appris l'AFP lundi auprès du parquet de Paris.

L'enquête sur cette plainte et ces signalements a été ouverte lundi pour "viol et agression sexuelle ainsi que viol et agression sexuelle sur mineur" et confiée à la Brigade de protection des mineurs, a-t-on ajouté de même source.

Des faits prescrits ?

Dans cette plainte et ces signalements révélés par 20 Minutes et dont l'AFP a eu connaissance, les femmes évoquent des faits qui seraient survenus entre 1980 et 1998 et qui pourraient être prescrits. L'ex-journaliste de la BBC Lisa Brinkworth affirme ainsi que dans la nuit du 5 au 6 octobre 1998, Gérald Marie, qu'elle a suivi dans un club, l'a "chevauchée alors qu'elle était assise sur une chaise" et "a commencé à lui enfoncer son sexe dans le bas ventre".

Cette rencontre a eu lieu alors qu'elle avait infiltré comme mannequin l'industrie de la mode afin de travailler sur la question "des comportements sexuels inappropriés de certains agents de mannequins", dans le cadre d'un documentaire destiné à la BBC et qui avait fait scandale. "Gravement traumatisée", elle n'a pourtant jamais évoqué les faits publiquement, mettant en cause un accord de 2001 entre la BBC et l'agence Elite suite à une plainte en diffamation de la seconde.

"Première étape encourageante"

"Elle n'était pas légalement liée par cet accord et n'avait rien à voir avec celui-ci, mais la BBC lui a affirmé qu'elle n'était en aucun cas autorisée à évoquer publiquement les événements qu'elle avait vécus au cours de son enquête", affirme la plainte, qui y voit un motif pour suspendre le délai de prescription.

Contactée par l'AFP, la BBC n'avait pas encore répondu lundi. "Je ne peux que saluer cette décision qui, au vu des éléments apportés par les différentes victimes, s'imposait", a réagi auprès de l'AFP l'avocate de Lisa Brinkworth, Me Anne-Claire Lejeune. "Cette enquête permettra, je l'espère, à d'autres d'avoir le courage de prendre la parole. C'est une première étape encourageante et un soulagement pour les victimes", a ajouté Me Lejeune.

Démenti "catégorique"

La plainte est accompagnée de trois signalements d'ex-mannequins pour des "viols" à Paris : Carre Sutton dénonce "d'innombrables" viols en 1986, alors qu'elle était âgée de 17 ans; Ebba Karlsson, née en 1969, dénonce elle un viol qui se serait produit en 1990 et Jill Dodd évoque elle un viol qui serait produit en 1980, dans l'année de ses 19 ans. Ces faits semblent prescrits. L'AFP a tenté sans succès de contacter l'avocat de Gérald Marie. Ce dernier a déclaré samedi au Sunday Times qu'il "démentait catégoriquement" les accusations.