Une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet national financier à la suite d'une plainte d'un entrepreneur italien qui dénonce des faits de corruption en marge de l'attribution des marchés du traitement des eaux usées du Grand Paris, a indiqué mardi une source proche du dossier.
La plainte, révélée par Le Monde et dont l'AFP a eu connaissance, vise des faits "d'ententes illicites, de corruption active, de trafic d'influence et toutes infractions en relation avec les marchés publics passés par le Syndicat interdépartemental pour l'assainissement de l'agglomération parisienne" (Siaap).
Un marché de plus de 311 millions d'euros. Marco Schiavio de la société Passavant dénonce des faits de corruption en marge d'un appel d'offres lancé en 2012 par le Siaap pour la refonte de l'usine de Clichy-la-Garenne, dans les Hauts-de-Seine, point de passage d'une importante partie des eaux usées de l'agglomération parisienne, un marché de plus de 311 millions d'euros. "Nous demandons que des investigations soient menées pour s'attacher à savoir s'il y a eu entente entre le Siaap et différentes entreprises pour l'obtention de ce contrat", a déclaré Pierre-Alexandre Kopp, l'avocat de l'entrepreneur milanais.
Manœuvre. D'après la plainte, Patrick Barbalat, directeur général adjoint d'OTV, une filiale de Veolia qui souhaite remporter le marché, aurait demandé en janvier 2014 à Marco Schiavio d'augmenter son offre pour l'usine de Clichy-la-Garenne de 100 millions d'euros en échange du versement d'un million d'euros. But de la manœuvre selon l'entrepreneur: que l'offre de Passavant devienne moins attractive que celle d'OTV et qu'ainsi le Siaap attribue le marché de Clichy à cette dernière.
Un marché remporté par OTV. Au bout du compte, le marché de Clichy a été remporté par OTV et la société Stereau du groupe Saur. Marco Schiavio a alors déposé un recours devant le tribunal administratif. Débouté en première instance, l'appel est toujours en cours. Selon Marco Schiavio, Patrick Barbalat et Didier Le Tallec, patron opérationnel d'OTV, auraient fait pression pour qu'il retire son recours. Ils lui auraient proposé "une somme comprise entre 20 à 25 millions d'euros", payable sous la forme de contrats de sous-traitance que la filiale de Veolia aurait donnés à Passavant.
Soupçons de corruption sur des marchés publics datant de 2011. Dans sa plainte, l'entrepreneur explique avoir versé des enregistrements des conversations avec Patrick Barbalat et Didier Le Tallec, effectués à l'aide d'un stylo enregistreur. Le Siaap, chargé de retraiter quotidiennement l'eau utilisée par neuf millions de Franciliens, fait l'objet depuis avril 2013 d'une information judiciaire au pôle financier du TGI de Paris pour des soupçons de corruption sur des marchés publics signés à partir de 2011.