Pour dénoncer les différentes interdictions qui pèsent sur eux, les agriculteurs avaient déjà manifester à Perpignan fin janvier. 2:02
  • Copié
Guillaume Dominguez , modifié à
Des centaines d'agriculteurs venus à Paris avec leurs tracteurs se mobilisent ce mercredi pour dénoncer plusieurs mesures environnementales, prises sans solution de remplacement à court terme, qui les pénalisent, comme l'interdiction des néonicotinoïdes. Ils souhaitent alerter sur les risques pour les prochaines récoltes.

Après les opposants à la réforme des retraites, c'est au tour des agriculteurs de déferler ce mercredi matin sur Paris. Environ 2.000 agriculteurs et près de 500 tracteurs se réunissent pour dénoncer les multiples contraintes qui pèsent sur eux. Le convoi est parti de Porte de Versailles à 8 heures, direction place des Invalides. Tous viennent dénoncer l'interdiction par l'Union européenne de l'utilisation de néonicotinoïdes. Ce sont ces insecticides puissants qui protègent les cultures de betterave contre la jaunisse. Jusque-là, le gouvernement avait accordé une dérogation aux agriculteurs pour utiliser ces insecticides. La dérogation a été supprimée le 1ᵉʳ janvier.

Un risque de perte de contrôle sur la production

Conséquence : la mise en danger directe de la filière de betteraves en France, selon Damien Greffin, président de la FNSEA d'Ile-de-France. "Aujourd'hui, on importe un poulet sur deux en France et on ne contrôle pas la manière dont il a été produit. Le sucre, ce sera demain la même manière. On ne sait pas quelle sera l'origine et qu'est ce qu'il contiendra", alerte-t-il.

"Mais aussi est-ce qu'on en aura car à un moment donné, on s'est donné en France l'ambition d'avoir une production sucrière. Mais aujourd'hui, on est en train de la détricoter", ajoute-t-il. L'urgence concerne les betteraviers puisque les semis se font en mars.

Et si c'est pour perdre une grande partie de leur production comme en 2020, ils sont nombreux à se dire que cela n'en vaudra pas la peine. Mathieu, jeune agriculteur, vient de s'installer. Sans néonicotinoïdes, il risque de perdre sa production. "Juste après les commandes, on nous dit il n'y aura plus de dérogation. On fait des choix de variétés, donc des variétés plus ou moins résistantes à la jaunisse. Comme on était censé avoir le produit, on ne regarde pas forcément, on se concentre sur autre chose. Et là, aujourd'hui, du coup, on est sûr qu'on l'aura, plus ou moins, la jaunisse", explique-t-il.

 

Des problèmes pour plusieurs filières

Le problème est, en plus, global : colza, pomme de terre, endive, cerise… sont aussi des filières concernées. Christian, par exemple, en utilisait pour son blé et ses pommes de terre. Depuis l'interdiction, il a dû réorganiser toute sa production. "Le fait de ne plus avoir ce produit qui est dans le sol et qui enrobe la semence, m'oblige à le traiter en pulvérisation avec des produits qui sont peu efficaces parce que c'est souvent de vieilles molécules auxquelles les pucerons sont résistantes. Donc ça a déjà un coût", détaille l'agriculteur.

"Au niveau organisation du travail, c'est compliqué puisque il faut qu'on passe beaucoup plus souvent. Et comme il faut qu'on arrive à être compétitifs, c'est compliqué", ajoute-t-il. Les représentants syndicaux des agriculteurs avaient rendez-vous ce matin avec le ministre de l'Agriculture. Ils demandent notamment un soutien financier de l'État pour compenser le manque à gagner des revendications restées lettre morte pour le moment.