EXCLUSIF - "Les faits dont vous me parlez ne m’évoquent rien" : le déni de Tariq Ramadan lors de ses auditions

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Chloé Tiomphe, édité par B.P.
Europe 1 a pris connaissance du contenu des auditions de Tariq Ramadan pendant sa garde à vue alors que l'islamologue demande jeudi une remise en liberté devant la justice.
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Tariq Ramadan est dans le déni total. C'est ce qui ressort des procès-verbaux des auditions de l'islamologue durant sa garde à vue auxquels Europe 1 a eu accès en exclusivité alors que Tariq Ramadan va demander jeudi une remise en liberté devant la justice, deux semaines après son incarcération à Fleury-Mérogis suite à sa mise en examen pour "viol" et "viol sur personne vulnérable".

Il ne reconnaît aucun rapport sexuel. Durant ces auditions, l'intellectuel suisse se montre catégorique et affirme aux enquêteurs : "Les faits dont vous me parlez ne m'évoquent rien". Il ne reconnaît pas avoir eu le moindre rapport sexuel, même consenti, avec les jeunes femmes. "Aucune idée, je ne suis pas dans leur tête", répond-il aux enquêteurs qui lui demandent pourquoi les plaignantes persistent dans leurs accusations.

Inversion des rôles. Tariq Ramadan va même jusqu'à inverser les rôles durant ces auditions. Le scénario qu'il propose aux enquêteurs est celui de l'homme qui aurait tout fait pour refuser leurs avances. À propos de l’une d’elles, il affirme par exemple qu’elle a insisté pour faire un selfie avec lui, proposition qu'il a refusée. Et s'il concède qu'il y avait bien "une sorte de jeu entre eux - qu’il acceptait dans une certaine limite" - et qu’elle exprimait "des désirs de femme", il certifie qu'il ne répondait qu'à ses questions religieuses.

Enfin, interrogé sur ses pratiques sexuelles, il réfute pratiquer des rapports brutaux ou dominateurs, mais refuse de répondre davantage en disant qu'il ne voit "pas le rapport avec le dossier".

Sa demande de remise en liberté a peu de chance d'aboutir. Comme il y a quinze jours, le parquet reste favorable au maintien en détention provisoire de Tariq Ramadan. Et la première décision du juge dont nous avions pu avoir connaissance à l'époque est très sévère. Il parlait de déclarations particulièrement "circonstanciées, réitérées et constantes" des plaignantes. Le juge rappelait aussi la nécessité de faire une confrontation et a surtout cité des "risques non théoriques de pression" sur les plaignantes et sur les témoins.

Protéger plaignantes et témoins. Un des nombreux témoins - une femme - a même été menacée verbalement jusqu'en novembre dernier par Tariq Ramadan, au moment où l'affaire vient d'éclater. C’est pour cette raison - et c'est très rare dans une procédure - que les policiers ont entendu des femmes sous X, car ils estiment que leur intégrité physique est menacée. Enfin, pour étayer le risque de fuite, le juge s’était montré particulièrement méfiant envers "les relais financiers et humains" dont disposerait Tariq Ramadan.

Et à ce sujet, Europe 1 est en mesure de vous révéler que Tariq Ramadan, bien que dispensé de cours par l'université d'Oxford, perçoit toujours actuellement 4.000 livres sterling par mois (environ 4.500 euros) de la part d’Oxford. Un "accord avec l’université" pour pouvoir "gérer son affaire actuelle", explique l'intellectuel.

Sa maladie peut-elle peser ? En tout cas il y a quinze jours, le juge avait estimé, selon nos informations, que sa maladie - il souffre d'une sclérose en plaques - n'était "pas incompatible" avec la détention dans la mesure où il peut prendre ses médicaments.