Elles sont de plus en plus nombreuses. En France, un quart des personnes sans domicile fixe sont des femmes. Pourtant, les structures d'accueil qui leur sont destinées restent rares. Il s'agit d'un phénomène relativement récent, encore trop peu pris en compte par l'Etat : à Paris, où le nombre de femmes SDF a bondi de 66% en dix ans, chaque jour, trois femmes sur quatre ne trouvent pas de solution d'hébergement, selon les chiffres de l'Insee et du Samu social.
Avec l'hiver qui arrive, le Samu social de Paris a d'ailleurs lancé une campagne de sensibilisation. Europe 1 a rencontré l'une de ces femmes. Nicole, 73 ans, s'est retrouvée sans logement après le décès de sa marraine qui l'hébergeait.
Un quotidien d'errance. Isolée, avec sa petite retraite comme seul revenu, il était impossible pour cette femme de trouver un appartement. "Un logement, si vous n'avez pas de garant, vous n'en n'avez plus. Donc, je me suis retrouvée dans la rue. Je n'avais plus rien", explique-t-elle. Elle a ainsi vécu un peu plus d'un an dans la gare de Lyon, à Paris. "J'étais assise dans le hall de la gare, avec un livre, à attendre. Il fallait changer de place, parce que quand vous être trop longtemps à la même place, on vous repère : on sait très bien que vous n'êtes pas là pour prendre le train. On est venu me le dire, gentiment d'ailleurs : 'Eh, il faudrait changer de place'", détaille Nicole.
Le regard des autres. Nicole a finalement été repérée par une maraude du Samu Social. Elle est hébergée dans un centre depuis l'été dernier. "Quand vous avez eu une belle jeunesse, un beau parcours, on ne s'imagine pas être dans une galère pareille", relève-t-elle. "Les gens nous regardent comme des pestiférées, à moins de dire aux autres : 'tendez leur la main, ne les rejetez pas' !", conclut la septuagénaire.