"Si je prends la parole après ce long silence, c’est parce que j’aimerais, si c’est possible, remettre un peu de sens et d’humanité dans cette histoire", s'explique Agnès Saal, l'ancienne présidente de l'INA, dans une interview dans Le Monde. C'est la première fois qu'elle s'exprime depuis sa mise en cause, en avril dernier, dans le scandale des frais de taxi.
"J'y pense jour et nuit". L'ex-patronne du Centre Pompidou et de l'Institut national de l'audiovisuel, exclue de la fonction publique pour deux ans, dont six mois ferme, est visée par deux enquêtes préliminaires : la première, ouverte par le parquet de Créteil, concerne 40.000 euros de frais de taxi quand elle présidait l'Ina ; la seconde, dirigée par le parquet de Paris, concerne 38.000 euros de notes présentées entre janvier 2013 et avril 2014 quand elle était directrice générale du centre Georges-Pompidou.
"Tout l’univers d’engagement passionné au service de la politique culturelle que j’avais patiemment édifié s’est effondré du jour au lendemain. C’est une forme de traumatisme personnel et professionnel qui est sidérante, devant laquelle je suis restée incrédule, sans comprendre comment ma vie s’était trouvée mise en miettes", déclare aujourd'hui Agnès Saal. Elle l'assure : elle ne nie pas la faute ("je l'ai commise"), refusant de tenter "de se disculper". Et elle assure également "la regretter à l'infini". "J'y pense jour et nuit. Mon regret est sincère et profond".
Agnès Saal pointe un scandale "opportun". L'ancienne présidente de l'INA regrette toutefois un manque "de cadrage" au sein de son ancien établissement au sujet des frais de taxis. "On me remet les codes de l’abonnement, et c’est tout", explique-t-elle. "Sa faute", précise-t-elle, est d'avoir remis les codes à son fils, sans le surveiller outre-mesure. Ce dernier aurait dépensé à lui seul 6.700 euros en taxi avec les codes de sa mère. "Mon emploi du temps faisait que j’étais très peu à la maison et pas toujours joignable. J’ai eu le réflexe de laisser ce code à mon fils en cas d’urgence. Et j’ai commis l’erreur de ne vérifier à aucun moment la manière dont ce code était utilisé", détaille Agnès Saal.
L'ancienne présidente de l'INA souligne toutefois le caractère "opportun" de sa mise en cause, qui tombe en même temps que l'affaire "des bureaux de Thierry Lepaon ou de Mathieu Gallet". Et de conclure : "Je suis devenue un dérivatif, un symbole, l’incarnation d’une trahison des élites, alors que je suis à l’opposé de cette image de haut fonctionnaire cupide qui dilapide les fonds publics".