Ils ne sont pas nécessairement agriculteurs ou jardiniers, et pourtant ils ont été exposés au glyphosate. En Ariège, depuis plusieurs semaines, le collectif Campagne Glyphosate effectue des analyses d'urines pour détecter la présence de ce pesticide. Et le résultat fait froid dans le dos. En moyenne, la concentration en glyphosate est quinze fois supérieure au taux minimum autorisé dans l'eau potable. Lundi, une soixantaine d'habitants du département va déposer plainte au tribunal de Foix pour mise en danger de la vie d'autrui.
"On ne peut pas s'en protéger." Parmi eux, Dominique Masset, à l'origine de ce collectif, qui a pris peur en recevant ses propres résultats. Avec son mode de vie, il se pensait plutôt à l'abri du glyphosate et pourtant. "Mon résultat décoiffe. J'étais à 3,35 nanogrammes par millilitre, c'est-à-dire 33,5 fois la dose autorisée dans l'eau potable. Je suis écolo, je mange bio, je ne fume pas, je suis végétarien, je vis dans une petit ville d'Ariège donc je fais partie de ceux qui se posent des questions", confie-t-il au micro d'Europe 1. Il en tire la conclusion que l'on "ne peut pas s'en protéger". "On en respire, il en pleut. Aujourd'hui, on sait que c'est généralisé, qu'il y en a partout, tout le temps. Que l'on habite à la montagne, en forêt, on en a tous."
Le collectif Campagne Glyphosate a donc pour objectif de multiplier les prélèvements et les analyses. Pour éviter toute contestation des résultats, Agnès Leclerc a mis en place un véritable protocole : "Les huissiers suivent tout le processus pour pas qu'il n'y ait de fraude. Ils ne quittent jamais les flacons de vue. Ce sont eux qui les envoient au laboratoire. Ensuite, ils font un constat qu'ils nous envoient et qui est joint au dépôt de plainte."
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"Énormément de gens veulent porter plainte." Une procédure qui a un coût. Chaque participant a payé 135 euros pour son analyse et le dépôt de la plainte. Un montant qui ne freine pas leurs ardeurs. Rien qu'en Ariège, 300 autres sont déjà inscrits pour les prochaines sessions et des collectifs s'organisent partout en France afin de les imiter. "Énormément de gens veulent porter plainte, il y a vraiment un élan citoyen pour dire 'stop'. Cette campagne a un réel succès et je pense, aura un réel impact, on l'espère, sur les décideurs", se réjouit Dominique Masset.