Ils sont régulièrement accusés de servir de cabinet de recrutement pour les réseaux terroristes. Mais les réseaux sociaux commencent à s'emparer du problème de la radicalisation en ligne. Twitter a ainsi annoncé en février qu'il avait supprimé 125.000 comptes de propagande djihadiste de sa plateforme. Et les choses devraient s'accélérer à la demande du gouvernement français. L'exécutif a en effet convaincu les géants du web, de Google à Microsoft en passant par Facebook, Twitter et Apple, de créer une fondation pour financer eux-mêmes des campagnes en ligne.
Diffuser des interviews de repentis. Cette fondation pourrait financer des campagnes de diffusion de témoignages de jeunes revenus d'Irak ou de Syrie. Une association a déjà commencé à enregistrer plusieurs interviews de repentis. L'un des grands groupes du web propose également de mettre sur pied une équipe d'experts. Ces salariés à temps plein utiliseront les outils les plus modernes pour lutter contre la radicalisation. Ils réagiront en temps réel via Twitter et Facebook en ciblant directement les jeunes qui se montrent sensibles aux discours valorisant les groupes terroristes.
S'inspirer du Royaume-Uni. Ces idées s'inspirent de ce qui se fait déjà au Royaume-Uni. Là-bas, l'Institut pour le dialogue stratégique (ISD), une ONG chargée, entre autres, de lutter contre l'extrémisme, a déjà repéré 80 jeunes radicalisés en ligne. L'ISD a réussi à discuter régulièrement avec 60% d'entre eux. Un succès obtenu grâce au fait que les personnes chargées d'établir le contact sont elles-mêmes d'anciens extrémistes. "Ils sont vraiment forts car ils connaissent bien le processus de radicalisation et l'idéologie, mais aussi les nuances dans les mots et le discours", explique l'experte Erin Saltman. "Cela permet de poser des questions et de semer le doute".
Des campagnes sans lien avec le gouvernement. Semer le doute dans l'esprit des jeunes, c'est tout l'enjeu des futures campagnes de déradicalisation en ligne, qui seront imaginées et pilotées par des associations, sans lien avec l'Etat. Laisser le gouvernement sur la touche est un choix stratégique. Il est en effet difficile de faire entendre un message associé aux décideurs politiques à des jeunes qui rejettent le système en bloc. A l'inverse, s'adosser aux géants du web peut permettre de profiter des compétences de ces entreprises, habituées à diriger des campagnes vers un public cible en fonction de son âge ou de ses centres d'intérêt.
Les associations mises à contribution. La fondation qui financera ces initiatives verra le jour dans les prochaines semaines. Mais Facebook prépare d'ores et déjà des ateliers pratiques. Le réseau social réunit lundi vingt associations à Paris pour les former et préparer des campagnes contre la radicalisation sur Internet. La Licra, SOS racisme ou encore l’association de la mère de l'une des victimes de Mohamed Merah, Latifa Ibn Ziaten, auront ainsi une journée pour esquisser une première idée.