Personnels "usés, stressés, à bout", familles et retraités solidaires : plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées mardi dans toute la France pour réclamer davantage de moyens et accompagner "dignement" les personnes âgées dépendantes, une mobilisation inédite suivie par près d'un tiers des salariés des Ehpad.
Un taux de participation de 10,3%. L'appel à débrayages lancé par une large intersyndicale (CGT, CFDT, FO, Unsa, CFTC, CFE-CGC et SUD), avec le soutien de l'association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA), a été suivi dans de nombreux établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) publics et privés. "Le taux de mobilisation", en comptant grévistes déclarés et personnels assignés, a atteint 31,8%, et "le taux de participation" (hors personnels assignés) 10,3%, selon la Direction générale de la cohésion sociale, qui dépend du ministère de la Santé. La mobilisation concernait également les services d'aide et soins à domicile.
Une délégation sort "déçue" du ministère. Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées dans de nombreuses villes de France : Bordeaux, Nantes, Rennes, Lyon, Strasbourg, Limoges, Perpignan, Lille ou encore Toulouse, Clermont-Ferrand, Tours, Châteauroux, Orléans, Blois et Chartres. Au moins 6.000 personnes étaient présentes, selon un décompte de l'AFP dans 18 villes. À Paris, ils étaient plusieurs centaines à proximité du ministère des Solidarités et de la Santé, parmi lesquelles Philippe Poutou (NPA), Philippe Martinez (CGT) et Laurent Berger (CFDT). Une délégation reçue par le cabinet de la ministre des Solidarités et de la Santé est ressortie "déçue", disant n'avoir obtenu que "des non réponses".
Deux revendications principales. Deux revendications dominent : l'application d'un ratio d'un agent par résident, contre 0,6 en moyenne actuellement, et l'abrogation d'une réforme contestée du financement, qui prévoit de faire converger progressivement jusqu'en 2023 les dotations aux Ehpad publics et privés. Agnès Buzyn avait annoncé la semaine dernière le déblocage de 50 millions d'euros supplémentaires pour les établissements en difficulté, somme jugée insuffisante par les syndicats. Elle va en outre nommer "très prochainement" l'inspecteur général des affaires sociales, Pierre Ricordeau, comme médiateur, pour "expertiser" les effets de la réforme. Près de 600.000 personnes vivent dans l'un des 7.200 Ehpad, selon le ministère de la Santé. 400.000 personnes y travaillent.