Depuis un an avec le mouvement #MeToo, on a beaucoup parlé du harcèlement dans le monde du cinéma, au travail… Mais il concerne aussi le sport et même les joggeuses amateurs. Aux Etats-Unis, une étude, publiée dans le magazine The Runner’s World, montre que 43% des 2.533 femmes interrogées ont été victimes de harcèlement lors d’un jogging. 30 % disent même avoir été déjà suivies. En France aussi, ça existe. Pour alerter sur ce phénomène, une course est d’ailleurs organisée samedi soir à Paris, la Sine Qua non run.
"Le mec a crié ‘joli cul !’ et il est parti en courant". Les insultes et les remarques désobligeantes, quand elle court, Dorothée n’y fait même plus attention. Mais cette fois, la violence est allée beaucoup plus loin. Lors de sa dernière préparation à un marathon, cette joggeuse a été clairement victime d’une agression : "j’ai senti une claque sur mes fesses. Le mec a crié ‘joli cul !’ et il est parti en courant. J’étais tellement choquée que je n’ai pas su réagir, j’étais pétrifiée. Je ne comprenais pas ce qui se passait et je ne comprenais pas comment cela pouvait m’arriver à 9h du matin, dans les beaux quartiers de Paris."
"Certaines vont jusqu’à prendre un chien pour aller courir". Depuis ce jour, Dorothée court avec un trousseau de clé à la main pour se protéger d’un éventuel agresseur. Des témoignages comme celui-là, Mathilde, l’organisatrice de la course, en a entendu des dizaines. Des femmes qui n’osent plus sortir le soir ou qui réfléchissent à leur tenue avant de faire leur jogging : "certaines vont jusqu’à prendre un chien pour aller courir, ou se mettre en situation d’être capable, à tout moment, de partir en sprint si quelqu’un les approche. Cette situation n’est plus acceptable".
Le départ de cette course sera volontairement donné à la tombée de la nuit pour que les participantes se réapproprient l’espace public.