Un ex-animateur de loisirs de la ville de Courbevoie, dans les Hauts-de-Seine, comparaît à partir de vendredi à Nanterre. Il doit être jugé pour viols, agressions sexuelles et corruption de mineurs de moins de 15 ans, ainsi que pour détention d'images à caractère pédopornographique. L'enquête a retenu une quinzaine de victimes, des petits garçons, dont deux racontent des viols. Malgré plusieurs signalements, la ville de Courbevoie avait refait appel à cet animateur.
Des signalements et une sanction en interne. Edouard de B., 29 ans, était lui-même surpris qu'on le laisse encore travailler avec des enfants. Placé en garde à vue en octobre 2015, le jeune homme a spontanément reconnu son attirance pour les petits garçons de CP ou de CE1. Deux fois déjà, des parents avaient signalé à sa direction des attouchements sur leurs fils. Une première fois en 2012, l'animateur est simplement recadré. L'année suivante, il est suspendu quatre mois pour une enquête interne. L'administration décide de ne pas sanctionner le jeune homme, mais de le changer d'école avec un accompagnement pédagogique qui n'aura jamais lieu.
Une quinzaine de victimes retenue. À aucun moment, ses supérieurs n'ont prévenu la justice. Ce n'est donc que lorsque les faits sont directement signalés à la police en 2015 qu'une enquête est ouverte. Au cours des mois suivants, des centaines d'enfants, scolarisés dans les quatre écoles primaires où l'animateur avait travaillé, sont entendus. Quinze garçons au total rapportent des abus sexuels ayant eu lieu entre 2011 et 2015, dont deux lors de babysittings et les autres à l'école, sur le temps périscolaire. Si le jeune homme reconnaît "l'ensemble des faits d'agressions sexuelles", il "conteste les faits de viol", indique son avocat, Sammy Jeanbart, alors que le suspect est visé pour deux plaintes pour viol.
Quelle responsabilité pour l'employeur ? La structure municipale qui l'employait s'est constituée partie civile dans ce procès, ce qui scandalise les familles. Elles veulent comprendre pourquoi personne n'a réagi plus tôt. "Les parents sont très en colère, ils parlent de massacre", rapporte au micro d'Europe 1 vendredi Nathalie Bucquet, avocate de l’association Innocence en Danger qui s'est constituée partie civile. "Ils ne comprennent pas parce que dès 2012, on aurait pu éloigner cet individu des enfants. Des faits ont été signalés, il a été sanctionné, il a été suspendu mais ensuite il a été déplacé dans une autre école et réintégré."
"On lui a toujours laissé une chance". "Les responsables étaient tous au courant, ils ont voulu régler l'affaire en interne. Ils ont considéré que c'était seulement un problème de positionnement, qu'il était trop tactile. Ça a été relevé par l'ensemble du personnel qui a travaillé avec lui mais pour autant, on lui a toujours laissé une chance. C'est particulièrement grave et la justice n'a pas été saisie de ces faits alors qu'en principe, il y a une obligation de signalement en cas d'agression sexuelle sur des mineurs. On n'aurait donc pas dû avoir toutes ces victimes et je pense qu'il y en a d'autres qui n'ont malheureusement pas été toutes identifiées au terme de cette procédure."
Une enquête a d'ailleurs été ouverte contre X le 26 octobre 2017 pour non-dénonciation à l'autorité judiciaire d'agressions sexuelles sur mineur de moins de 15 ans. Cette enquête a été clôturée par les enquêteurs en février et remise au parquet, selon une source proche du dossier.