Hénin-Beaumont : début du procès de l'ancien maire, aucun "caractère politique" insiste le tribunal

Eugène Binaisse, ici en 2014, est accusé de favoritisme.
Eugène Binaisse, ici en 2014, est accusé de favoritisme. © FRANCOIS LO PRESTI / AFP
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avec AFP , modifié à
Le procès de l'ancien maire de cette cité minière du Pas-de-Calais, soupçonné de favoritisme, s'est ouvert jeudi, sans que le tribunal ne veuille y accorder un "caractère politique".

Le procès de l'ancien maire d'Hénin-Beaumont Eugène Binaisse (divers gauche) pour favoritisme s'est ouvert jeudi à Béthune, dans le Pas-de-Calais. Le dossier qui sera jugé sans "caractère politique", a insisté le tribunal, alors que le Front national est partie civile.

Un précédent maire déjà condamné. La présidente du tribunal a d'abord évoqué le "contexte" dans lequel s'inscrit ce procès, sans pour autant le détailler. Cette commune de l'ex-bassin minier est passée au Front national en 2014, dès le premier tour, après avoir été dirigée 4 ans par Eugène Binaisse. Son maire de 2001 à 2009, Gérard Dalongeville (gauche), a lui été condamné en 2013 par ce même tribunal correctionnel à quatre ans d'emprisonnement, dont trois ferme, pour détournements de fonds publics, délits de favoritisme et usages de faux. Eugène Binaisse est toujours conseiller municipal d'opposition.

Six marchés litigieux. Mais il s'agit "d'ôter tout caractère politique à ce dossier", a insisté la présidente. Lors de l'audience jeudi, le tribunal s'est donc surtout plongé dans les méandres souvent complexes et techniques du code des marchés publics. Selon l'un des avocats des huit prévenus - trois élus, trois fonctionnaires territoriaux et deux dirigeants de société - le total des six marchés litigieux (étude pour la construction d'une piscine, d'un crématorium, projet d'extension du pôle petite enfance...) "avoisinerait en tout les 100.000 euros".

"Vous n'êtes pas maire d'une petite commune !" Eugène Binaisse, 78 ans, en chemise-cravate, a expliqué la difficulté pour un édile de tout contrôler. Quand on est maire d'une commune de 27.000 habitants, "il est impossible de reprendre toutes les pièces des dossiers que le maire signe. Il est obligé de faire confiance à son DGS (directeur général des services)", a-t-il dit. "Vous nous dites 'Je prends conscience aujourd'hui de la responsabilité d'un maire' ? Mais vous avez vécu la période Dalongeville, vous n'êtes pas maire d'une petite commune !", a rétorqué la juge.