L'annonce de cette cérémonie ne passe pas. Samedi, François Hollande sera le premier président à commémorer les victimes de la guerre d'Algérie un 19 mars, en faisant un discours au Quai Branly. Une date qui ne doit rien au hasard : il y a 54 ans, le 19 mars 1962, le cessez-le-feu promis par les accords d'Evian entrait en vigueur. Et signait le début d'un processus de paix, à défaut de l'arrêt immédiat de la guerre.
Polémique. Le fait que de nombreuses violences aient continué après cette date, avec notamment les exactions commises contre les harkis, des attentats et le retour souvent difficile des Pieds-Noirs en France, a conduit de nombreuses voix à s'élever contre la décision de François Hollande de commémorer la guerre d'Algérie à ce moment-là. Parmi elles, certaines associations d'anciens combattants et de harkis, mais aussi ces Français rapatriés ou leurs descendants. "Que cela puisse choquer des consciences, je veux bien le croire", a déclaré Hervé Bourges, vendredi sur Europe 1. Mais pour celui qui a été militaire en 1958 puis conseiller du premier président algérien après l'indépendance, Ben Balla, "il est tout à fait normal que ce soit ce jour-là qui soit commémoré".
Récupération politique. En effet, Hervé Bourges a souligné que le 19 mars 1962 signait le début d'un processus de paix après des années de guerre. "Même si, je le reconnais bien volontiers, il y a eu le lendemain de l'indépendance, comme dans toutes les guerres révolutionnaires, des choses inadmissibles." Dès lors, celui qui a également été président du Conseil supérieur de l'audiovisuel entre 1995 et 2001 juge "scandaleux" que certains "utilisent [cette polémique] à des fins politiques". Un tacle à peine voilé à Nicolas Sarkozy, qui a signé vendredi dans Le Figaroune tribune fustigeant le choix de François Hollande de tenir des commémorations le 19 mars.
Une date importante. Pour Hervé Bourges, "il est important que cette date soit marquée". Et si l'actuel chef de l'Etat est le premier président à le faire, Jacques Chirac ayant préféré, par exemple, tenir des cérémonies le 5 décembre, sans lien aucun avec les événements de l'époque, c'est que les prédécesseurs du socialiste "ont eu peur des lobbys".