Un commissaire de police a été condamné mardi à 3.000 euros d'amende pour avoir giflé une avocate lors d'une garde à vue au siège de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI, devenue DGSI), une sanction dont il va faire appel. Le tribunal correctionnel de Nanterre, qui l'a déclaré coupable de "violences volontaires par une personne dépositaire de l'autorité publique sur un avocat dans l'exercice de ses fonctions", a accepté que cette condamnation ne figure pas au bulletin numéro 2 de son casier judiciaire.
9.000 euros de dommages et intérêts. Le policier de 58 ans, dont l'identité est protégée en raison de ses fonctions à la DGSI, est en outre condamné à verser près de 9.000 euros de dommages et intérêts à l'avocate pour son préjudice - douleur, arrêt de travail, dépenses de santé, etc. Il devra enfin verser un euro de dommages et intérêts à l'ordre des avocats des Hauts-de-Seine, également partie civile. "Mon client va faire appel du jugement", a réagi son avocat, Me Thibault de Montbrial. Estimant qu'il "y a des témoins" et que "les faits sont médicalement constatés", le procureur avait requis fin juin deux mois d'emprisonnement avec sursis et 3.000 euros d'amende à l'encontre du policier.
Giflée et traitée de "petite conne". La scène s'était déroulée le 1er avril 2014, à huis clos, au quatrième sous-sol des locaux du service antiterroriste et de contre-espionnage à Levallois-Perret. Interrogé sur l'identité du kamikaze qui avait perpétré un attentat à l'aéroport de Bourgas, en Bulgarie, en 2012, le client de l'avocate avait décidé de garder le silence. Après deux auditions par des capitaines, leur supérieur, commissaire très bien noté, avait emmené l'homme et son avocate dans une pièce adjacente pour tenter de l'inciter à parler.
L'avocate raconte que le policier avait assuré à son client qu'il ne risquait pas d'être mis en cause. Inquiète des "pressions" induites par cet entretien informel, elle avait souhaité que cette remarque soit consignée dans la procédure. Le commissaire l'avait alors, selon elle, giflée et traitée de "petite conne". Le policier raconte pour sa part avoir quitté la pièce en claquant la porte, excédé par le "ton de mépris" de l'avocate, et maintient qu'il n'a "pas levé la main sur elle".