"On n'est pas des machines, on est des êtres humains" : les infirmiers, en mal de reconnaissance, mais aussi les aides-soignants et autres personnels hospitaliers, sont appelés à se mobiliser mardi contre la dégradation de leurs conditions de travail et la rigueur budgétaire affectant la santé.
"Montée en puissance du mécontentement". Grève nationale, rassemblements partout en France dont un à Paris à partir de 10h30... Les fédérations FO, CGT, SUD et CFTC de la fonction publique hospitalière, mais aussi, fait rare, une vingtaine d'organisations infirmières salariées, libérales ou étudiantes, ont choisi la même date pour tirer la sonnette d'alarme. "Étranglement budgétaire", manque de personnel, augmentation de l'activité, cadences infernales... les griefs sont nombreux et partagés. "Il y a une montée en puissance du mécontentement qui traverse tous les types d'établissements et toutes les catégories de professionnels", assure Mireille Stivala (CGT).
Des suicides qui ont marqué les esprits. Difficile de mesurer l'ampleur de la colère, les personnels de santé pouvant être assignés pour garantir la continuité des soins. Reste que les réformes de ces quinze dernières années, comme l'instauration de la tarification à l'activité pour financer les hôpitaux "à l'acte", ont déstabilisé les personnels, principale variable d'ajustement en période de restrictions budgétaires. Cet été, les suicides de plusieurs soignants, dont au moins cinq infirmiers, ont mis en lumière une souffrance grandissante, affirment les syndicalistes, même si ces drames sont toujours "multifactoriels".
Pour un "abandon" du plan d'économies. Dans ce contexte, l'intersyndicale FO-CGT-SUD continue de réclamer l'"abandon" du plan d'économies de "3,5 milliards d'euros" sur trois ans d'ici à 2017, "l'arrêt des fermetures de lits" ou encore l'"abrogation de la loi Santé" et de ses groupements hospitaliers de territoire (GHT), qui font craindre des restructurations. De leur côté, les 17 organisations infirmières souhaitent mettre en avant leur profession, exercée par plus de 600.000 personnes en France et pourtant "méprisée" par les pouvoirs publics, selon le collectif. Valorisation des salaires en adéquation avec les compétences ou la pénibilité du travail, inclusion des infirmières dans les discussions sur le système de santé ou encore meilleurs droits sociaux pour les étudiants font aussi partie des doléances.