Le ton est monté d'un cran vendredi entre le maire Europe Écologie Les Verts (EELV) de Grenoble Éric Piolle et le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin. 1:52
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Hadrien Bect, édité par Céline Brégand avec AFP
L'un des enjeux de la prochaine présidentielle sera probablement l'insécurité. Les politiques s'emparent du sujet les uns après les autres. Illustration avec cette passe d'arme entre le maire écologiste de Grenoble, Éric Piolle, et le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin.

Mercredi soir, à la demande de Gérald Darmanin, une descente de police a été menée dans le quartier du Mistral de Grenoble après la diffusion sur les réseaux sociaux d'une vidéo montrant des dealers encagoulés et armés se mettant en scène sur un point de vente de drogue, près d'une aire de jeux. À partir de ce moment-là, le ton est monté entre le maire Europe Écologie Les Verts (EELV) de Grenoble, Éric Piolle, et le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin.

Une "opération de communication"

Éric Piolle n'a, semble-t-il, pas beaucoup apprécié l'opération de police annoncée par Gérald Darmanin lui-même sur les réseaux sociaux, qu'il a qualifiée à la télévision d'"opération de communication". L'opération policière s'est soldée par une cinquantaine de contrôles mais n'a donné lieu à aucune interpellation ni saisie. 

Jugeant jeudi qu'il s'agissait de "provocations" de la part des dealers, Éric Piolle avait "regretté fortement que le ministre s'engage dans cette logique où l'on pointe du doigt un quartier de telle ou telle ville", en assurant que le quartier en question n'était pas une zone de non-droit.

Gérald Darmanin critique "le discours angélique" d'Éric Piolle

Éric Piolle affirme également avoir écrit au ministre de l'Intérieur pour lui demander des renforts policiers mais n'aurait pas eu de réponse, ce qu'il n'a pas apprécié. Finalement, Éric Piolle a eu sa réponse vendredi. Gérald Darmanin lui a adressé une lettre de deux pages au ton assez acide dans laquelle il critique le "discours angélique" du maire de Grenoble, faisant valoir que "l'excuse sociale ne peut pas tout excuser".

Dans cette lettre, le ministre de l'Intérieur critique également la politique de sécurité du maire écologiste, mettant l'accent sur le "réseau très limité" de caméras de vidéosurveillance de la ville, et soulignant l'insuffisance, à ses yeux, de l'effectif de la police municipale plus faible qu'à Nice (un agent pour 1.580 habitants). En outre, celle-ci, a-t-il noté, ne "porte pas d'armes à feu et n'exerce pas (ses) missions la nuit".

"Un manque d'implication dans le domaine de la sécurité"

"Plutôt que de déplorer" cette opération de police "médiatiquement", "nous aurions souhaité que vous encouragiez le travail difficile des policiers", écrit également Gérald Darmanin, en accusant Éric Piolle "d'un manque d'implication dans le domaine de la sécurité".

À travers cet échange, deux conceptions de la sécurité s'affrontent. Éric Piolle, qui fait en ce moment des pas en direction de la présidentielle de 2022, est régulièrement accusé de manquer de réalisme face à la criminalité à Grenoble. Va-t-on avoir droit à un nouvel épisode de cette confrontation ? Sans doute, puisque Éric Piolle a décidé de s'exprimer une nouvelle fois à la télévision vendredi soir.