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Romain David
Au micro de Philippe Vandel, dans "Culture médias" sur Europe 1, le dessinateur Joann Sfar a estimé que Benjamin Griveaux aurait pu envoyer un signal fort aux victimes de "revenge porn" en maintenant sa candidature à la mairie de Paris, en dépit des vidéos intimes diffusées sur Internet.
INTERVIEW

Il en avait fait le sujet de son précédent roman. Le dessinateur Joann Sfar a été victime de harcèlement sur les réseaux sociaux. Une jeune femme rencontrée sur Facebook s’est en effet servie des informations qu’ils avaient échangées pour se faire passer pour son ex-petite amie auprès d’autres personnalités. Cette histoire, racontée dans Vous connaissez peut-être, publié en 2018 chez Albin Michel, s’est terminée au commissariat. Elle a également amené Joann Sfar à éprouver une forme d’empathie face à ce qui est arrivé à Benjamin Griveaux, candidat malheureux à la mairie de Paris, qui a choisi de jeter l’éponge le 15 février, après la diffusion de vidéos intimes sur Internet.

"C’est une histoire qui ressemble à ça. J’ai porté plainte au bout d’un an, car cette femme utilisait ce qu’elle savait de moi pour faire croire à d’autres gens des choses", raconte l'auteur du Chat du Rabbin. "J’ai des copains réalisateurs qui m’appelaient pour me dire : 'Je vais me mettre en couple avec ton ex, est-ce que ça te dérange ?' Je ne savais pas de quoi ils me parlaient…" Une manipulation qui est allée plus loin que l’usurpation d’identité : "Elle faisait chanter des grands journalistes, parce qu’elle avait des photos de leur intimité", glisse Joann Sfar.

"J’aurai voté pour un politique qui dit : 'Oui, j’ai eu une absence'"

"Dans l’affaire Griveaux, je ne comprends pas qu’il n’ait pas réagi en disant : 'Oui, cette femme a une photo de ma bite, malgré tout, je ne vais pas m’empêcher de vivre'", relève Johann Sfar. "On devrait entrer dans un monde où il est normal d’envoyer une photo de son zizi ou de sa zézette."

Pour lui, le renoncement de Benjamin Griveaux est un mauvais signal envoyé aux victimes de revenge porn, contraintes de faire profil bas. "Moi, j’aurai voté pour un politique qui dit : 'Oui, j’ai eu une absence, oui je ne suis pas un homme fidèle, j’ai envoyé une photo de ma bite, je suis désolé. [...] Est-ce que l’on peut travailler ?'", explique Joann Sfar. Avant de conclure : "J’aurai trouvé ça extrêmement classe."