Tous les 11 octobre, c'est la Journée internationale de la fille, organisée par l'ONU. Créée en 2012, elle a pour objectif de mettre en lumière les inégalités entre les filles et les garçons partout dans le monde et notamment d'augmenter l'accès des fillettes à la scolarisation. Dans ce domaine, il y a encore beaucoup de travail puisque, dans le monde, 137 millions de jeunes filles, la majorité en Afrique, ne vont pas à l'école. Et si en France, le taux de scolarisation est évidemment satisfaisant, les inégalités entre les filles et les garçons, nourries de lointains préjugés, sont bien présentes. Et cela dès le plus jeune âge, comme a pu le constater Europe 1.
Les garçons "ne veulent pas qu'on joue avec eux". La sonnerie résonne dans une école primaire parisienne, annonçant la sortie des classes. Pour Soledad, le meilleur moment de la journée a évidemment été la récréation, un moment qu'elle a passé avec ses copines. "Nous, les filles, franchement, on aimerait bien se mêler aux garçons, on les aime bien. Mais eux, ils ne veulent pas qu'on joue avec eux", assure la jeune fille. Pis, "la plupart du temps, quand on les énerve, ils nous frappent". Cela énerve Soledad, mais "je ne me soucie pas d'eux", ajoute la fillette.
Ils ont "déjà un statut de supériorité". Une heure après, c'est dans un collège que la journée se termine. Et à en croire les témoignages, la puberté n'a pas aidé à rapprocher les deux sexes. "Ils nous insultent beaucoup plus facilement que nous on les insulte", explique une élève. Une autre trouve qu'"en cours, on les entend beaucoup plus". Enfin, "ils ont plus facilement confiance en eux", observe une troisième collégienne pour qui "les garçons ont déjà un statut de supériorité". Et à l'appui, elle avance un exemple : "une fille, quand elle dit un gros mot, c'est pas joli. Mais quand un garçon dit un gros mot, c'est normal".
Les filles "sont disqualifiées d'office", selon une spécialiste. Le temps ne fait que renforcer ces inégalités, selon Edith Maruéjouls, géographe spécialisée dans les questions d'égalité. "Les filles ne vont plus oser, ne plus tenter, elles sont disqualifiées d'office, donc elles prennent la place qu'on leur laisse", note cette experte. En outre, "ce processus dans la longueur fait aussi qu'elles n'apprennent pas à négocier", relève la spécialiste. "Les garçons et les hommes doivent participer à cette réflexion" plaide Edith Maruéjouls. Pour que les femmes trouvent leur place, c'est en effet aussi au sexe masculin de leur en laisser.