Des peines de trois à cinq ans ferme ont été prononcées jeudi soir à Poitiers, au procès de la mutinerie de la prison de Vivonne dans la Vienne en septembre 2016, qui avait concerné quelque 50 détenus, fait 23 blessés, saccagé une aile de l'établissement, avant d'être maîtrisée au bout de six heures.
Aucun n'a reconnu avoir mis le feu. Des peines de trois à sept ans avaient été requises contre quatre détenus de 25 à 36 ans, identifiés comme meneurs présumés, qui étaient jugés pour dégradation d'un bien public en réunion, par un moyen dangereux, mise en danger de la vie d'autrui, vol des clés d'un surveillant. L'un des quatre était jugé en absence, ayant refusé son extraction. A l'audience au tribunal correctionnel de Poitiers, les prévenus, des détenus pour stupéfiants, vols, ou violences, ont nié toute préméditation à la mutinerie, et aucun n'a reconnu avoir mis le feu. Mais un Rochefortais de 32 ans, accusé d'être l'instigateur, a reconnu qu'il voulait "se faire entendre" et être transféré, après avoir été ulcéré par une permission refusée. Deux principaux prévenus ont été condamnés à 5 ans, un troisième à 3 ans, le quatrième a été relaxé.
Un contexte tendu, selon l'avocat des détenus. Si le centre de détention de Vivonne, une prison moderne datant de 2009 ne connaissait pas de problème particulier de surpeuplement à l'époque, l'avocat d'un détenu, Me Lee Takhedmit, a évoqué à l'audience une prison au contexte tendu par le "manque de moyens. Il n'y a pas assez de surveillants, la moindre démarche est entravée par ce manque de moyens. Il faut attendre pour tout : les soins dentaires, les soins psychos... Et les suicides, on en parle !"
L'aile endommagée rouverte début 2018. L'incendie avait mobilisé 105 pompiers, et la mutinerie elle-même plus de 175 gendarmes ou agents de la pénitentiaire. Vingt détenus, un agent de l'administration pénitentiaire et deux gendarmes avaient été blessés ce soir-là, la plupart en lien avec des inhalations de fumée. Quatre détenus, parties civiles, réclament d'ailleurs des réparations après avoir "vu la mort de près", selon un des avocats. Ils ont obtenu 3.000 euros de réparations ou provisions, de même qu'un surveillant. Le centre de détention de Vivonne, qui compte 634 places, avait dû transférer plus de 150 détenus sous 48 heures, fermer une aile pendant 18 mois après la mutinerie. Elle a rouvert début 2018, après 2 millions d'euros de travaux.