Des associations ont lancé une pétition de soutien à une femme autiste, accusée d'avoir exagéré les troubles autistiques de ses trois enfants et privée de leur garde, un placement qu'elles jugent "abusif" et lié à la méconnaissance de ce trouble.
Placés depuis deux ans. Rachel, originaire de l'Isère, vient de voir le placement de ses enfants, diagnostiqués autistes tout comme elle, renouvelé pour la troisième année consécutive. Les bambins, âgés de 6 à 11 ans, sont confiés à l'Aide sociale à l'enfance depuis juillet 2015. Dans un jugement rendu le 7 juillet, un juge des enfants du tribunal de Grenoble a ordonné la prolongation pour un an, jusqu'au 31 août 2018, au motif "qu'un retour à la maison entraînerait des effets sur les enfants, qui peuvent encore facilement s'inquiéter pour leur mère". Cette dernière pourra les avoir une journée toutes les deux semaines, est-il précisé.
"Cette affaire ubuesque" doit être "délocalisée". La justice reproche à cette femme, séparée, d'avoir "une représentation invalidante et alarmiste" de ses enfants et un "comportement maternel inquiétant", selon un arrêt de février 2016 de la cour d'appel de Grenoble. Mais pour les associations qui la soutiennent, ses enfants ont été placés car elle a signalé "qu'ils étaient autistes". Elles jugent "abusif" de "lui reprocher de majorer leurs troubles". Dans une pétition, lancée mercredi par une centaine d'entre elles - dont Autisme France, l'Unapei ou la Fnath - , elles demandent au gouvernement que "cette affaire ubuesque soit délocalisée" pour permettre "un nouveau regard, juste et approprié".
Ce cas renvoie "à des problèmes de fond". Depuis le début de cette affaire, les deux aînés ont été "diagnostiqués autistes, le dernier a des signes d'hyper activité avec troubles de l'attention. Rachel est également diagnostiquée autiste asperger", rappellent-elles, s'inquiétant d'une possible "aggravation des troubles" sans une prise en charge adaptée pour les enfants. "Le juge n'a pas pris en compte les diagnostics", déplore Danièle Langloys, présidente d'Autisme France. Selon elle, ce cas renvoie "à des problèmes de fond : la méconnaissance de l'autisme et le manque de formation des professionnels de l'enfance".
Quatrième plan autisme lancé le 6 juillet. Lors du lancement de la concertation pour le quatrième plan autisme, le 6 juillet, Danièle Langloys avait demandé "justice pour Rachel". "On ne peut pas construire un plan autisme 4 si on ne commence pas par rendre ses enfants à Rachel", avait-elle clamé à l'Elysée. À cette occasion, la secrétaire d'État aux Personnes handicapées Sophie Cluzel avait eu un mot "pour les personnes concernées et leurs familles", citant "Rachel, dans l'Isère, qui vient de se voir une nouvelle fois séparée de ses trois enfants avec autisme".