La Guyane détient le triste privilège d'être le territoire français le plus meurtrier par nombre d'habitants avec 42 homicides commis en 2016, selon un document du parquet de Cayenne.
42 homicides. "Les chiffres ne sont pas bons (...) Nous devons regarder la réalité en face même si elle n'est pas belle et peut même être effrayante", avait indiqué le procureur de Cayenne, Éric Vaillant, en fin de semaine dernière à l'occasion de l'audience de rentrée du tribunal. "Avec 42 homicides en 2016 contre 38 en 2015, la Guyane est le département le plus meurtrier de France en valeur relative - c'est-à-dire au regard de sa population - (...) et même sans doute en valeur absolue (...). Même Marseille et les Bouches-du-Rhône réputées pour leur violence sont en dessous des chiffres guyanais", a déclaré le procureur.
La population guyanaise pouvait être estimée fin 2016 entre 275.000 et 280.000 habitants (252.338 au 1er janvier 2014 selon l'Insee et une croissance démographique autour de 3% par an). Une plaquette récente réalisé par le parquet de Cayenne rappelle des chiffres déjà élevés en en 2010, 2011 et 2012 en Guyane avec respectivement 35, 32 puis 38 homicides. Leur nombre a baissé en 2013 et 2014 avec 20 puis 28 homicides. Mais le nombre de 42 homicides en Guyane pour l'année 2016 n'est pas un nouveau record. Selon de précédents bilans, 42 homicides y avaient déjà été perpétrés en 2005 et encore 38 en 2006.
Le problème des armes à feu. 60% des meurtres de 2016 ont été commis par arme à feu en Guyane, où il n'existe pas encore de permis de chasse. Sur présentation d'une pièce d'identité, l'achat de ce type d'arme n'est donc pas limité, selon le procureur. S'ajoute à cela, la difficulté à enquêter dans les secteurs isolés en forêt. Mais la délinquance guyanaise s'est aussi accrue en milieu urbain. Le nombre de vols avec violence a régulièrement augmenté, notamment depuis deux ans, passant de 1694 en 2014 à 2338 en 2016.
Sur fonds de trafic de drogue. Enfin, le nombre de "mules" (passeurs de cocaïne), parfois jeunes, y a plus que doublé en deux ans passant de 183 en 2014 à 371 en 2016. Le procureur a récemment durci les conditions du voyage de mineurs non accompagnés en avion entre la Guyane et Orly, le subordonnant à une autorisation parentale. Selon le procureur, six enquêteurs détachés de l'Ocrtis (Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants) "sont en Guyane depuis le 1er janvier avec pour mission de traquer les organisateurs du trafic de cocaïne".