LA QUESTION SEXO - Je n’ose pas parler de mon fantasme à mon partenaire, que dois-je faire ?

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Catherine Blanc , modifié à
Une auditrice de l’émission Sans rendez-vous craint d’aborder certains fantasmes avec son partenaire, de peur qu’il juge ces pratiques dégradantes. La sexologue Catherine Blanc lui a répondu, mercredi après-midi sur Europe 1.

Au début d’une relation, il n’est pas toujours facile d’aborder ses fantasmes. Comment être certain que son partenaire soit réceptif et qu'il ne soit pas heurté par notre propre désir ? C’est la question que se pose l'une de nos auditrices, qui n’ose pas évoquer l’un de ses fantasmes avec son compagnon, qu’elle fréquente depuis quelques mois. La sexologue Catherine Blanc lui a livré ses conseils, mercredi dans l’émission "Sans rendez-vous" sur Europe 1.

La question de Claire :

"Après quatre mois de relation, je n'ose toujours pas parler à mon copain de certains fantasmes. J'aimerais par exemple qu'il me mette des petites fessées. J'ai peur qu'il trouve cela dégradant. Qu'en pensez-vous ?"

La réponse de Catherine Blanc :

"Tout dépend comment on part dans un début de relation, soit très progressivement, soit sur les chapeaux de roue. Il y en a qui s'ouvrent dès le départ parce qu'il y a une sorte d'évidence entre eux. D'autres se cherchent et prennent le temps de se découvrir. On s'effeuille petit à petit émotionnellement, même si physiquement on est rentré plus rapidement dans le vif du sujet. Chacun définit quand est-ce que c'est encore jeune ou pas pour se révéler un peu plus, se dévoiler un peu plus. 

Mais le fait est que nous sommes dans une société qui voudrait bannir la pudeur, on devrait être dans quelque chose d'extrêmement exhibitionniste de ce que nous pensons, ressentons et désirons. Les choses sont un peu plus compliquées que ça. La pudeur fait partie de l'individu et pour plein de raisons, nous avons besoin de ménager un peu de ce qui nous anime. Nous avons besoin de sécurité, non seulement liée à l'autre, mais aussi par rapport à soi-même. 

La question-là, en l'occurrence, est de se demander ce que je peux lui dire. J'aimerais bien lui dire que je voudrais des petites fessées, mais risque-t-il de trouver cela dégradant ? Ça pose d'abord la question de l'idée qu'elle se fait, que ça puisse être dégradant et peut-être du plaisir qu'elle pourrait éprouver dans ce genre de situation. 

Ce n'est pas non plus le fantasme le plus fou, non ? Se met-elle la pression sur le fait de se livrer sur le fantasme, plus que sur le geste de la fessée ?

Malgré une liberté aujourd'hui revendiquée et accordée, beaucoup de femmes ont du mal à exprimer leur désir. Concernant la fessé, on en déjà pas mal parlé dans les films pornographiques et dans la littérature érotique. Lors des consultations pas tant que ça, peut-être que les gens le gardent pour eux. Ça ne veut pas dire qu'ils ne le vivent pas.

Mais le geste de la fessée peut renvoyer à des choses enfantines, et c'est là toute la difficulté. La fessée, c'est aussi quand on a fait une bêtise. Cela peut être aussi un geste d'obéissance à l'autre, parce que je suis un vilain ou une vilaine. En fait, ce sont des fantasmes qui font partie de chacun d'entre nous, qui pour autant ne sont pas liés à de l'érotisme pour toutes. Donc, encore une fois, ne disons pas que la fessée est classique. Sinon, tous les hommes vont se mettre à donner des fessées aux femmes qui vont du coup, évidemment, le vivre comme une agression. Il n'est pas question de cela. 

Doit-elle préparer la chose ou doit-elle, dans le feu de l'action, lui demander une petite fessée ? 

Il y a effectivement deux manières avec deux risques. De toute façon, il n'y a pas une manière unique pour tout le monde. On peut effectivement tout à fait l'aborder en étant tout à fait hors du sujet, par exemple quand on est en train de faire les courses au supermarché. On peut dire : "tu sais, à propos, j'aimerais bien..." Comme c'est complètement décalé, ça rentre dans une oreille, ça reste ou ça part selon l'état émotionnel de la personne qui le reçoit. C'est une bonne manière de procéder, puisqu'elle ouvre la porte de la fuite éventuelle si ça ne correspond pas à la capacité à l'accueillir. 

Autre possibilité : on est en train de faire l'amour et au moment de reprendre on prend la main de l'autre et on lui indique, on le fait faire. Soit ça l'amuse et il n'y réfléchit pas parce que lui-même est dans le plaisir de la sexualité. Soit il va trouver ça curieux et va la laisser faire, mais il ne va pas récidiver et l'affaire sera close sans que cela donne lieu à de la littérature."