LA QUESTION SEXO - Mon copain veut faire un "plan cam" mais je n’aime pas ça, comment lui dire ?

Avec le confinement, certains n'hésitent pas à pratiquer le "plan cam".
Avec le confinement, certains n'hésitent pas à pratiquer le "plan cam". © Pixabay/Free-Photo
  • Copié
Pour faire plaisir à son compagnon durant le confinement, Marvin, un auditeur de l’émission Sans rendez-vous, s’est mis au "plan cam", le fait d’avoir un rapport sexuel par écran interposé. Mais il n’aime pas du tout cela et se demande comme le faire comprendre à son partenaire.

Comment satisfaire son désir sexuel quand on est séparé de son partenaire ? Pour de nombreux couples qui habitent chacun dans leur propre appartement, le confinement peut être compliqué à vivre. Certains peuvent alors avoir l’idée de se tourner vers ce qu’on appelle un "plan cam", un rapport sexuel par écran interposé, grâce à son smartphone ou à un ordinateur. Mardi, dans l’émission Sans rendez-vous, la sexologue Catherine Blanc a répondu à la question de Marvin, un auditeur qui, contrairement à son partenaire, n’apprécie pas du tout cette pratique.

La question de Marvin

Durant le confinement, mon copain et moi sommes séparés chacun dans notre appartement. Pour combler le manque de rapport sexuel, mon copain me propose régulièrement un "plan cam" (avoir un rapport sexuel par vidéo interposée), pour lui faire plaisir je le fais mais je n’aime pas du tout cela. Comment lui faire comprendre ?

Quel est l’intérêt d’un "plan cam" ?

C’est entretenir son excitation et savoir que l’autre se soumet à ses désirs, à ses fantasmes. Ça entretient le désir de celui qui le demande, mais pour le deuxième il ne s’agit pas nécessairement de cela. On peut se dire un temps : 'c’est rassurant, il tient à moi'. Mais on peut aussi avoir l’impression d’être un objet de plaisir, de désir, pour pallier au manque, mais pas nécessairement dans le respect d’une relation.

Tout le monde n’est pas à l’aise pour se toucher par écran interposé, même avec un partenaire de confiance ?

Ce n’est pas que par écran interposé. Des tas de couples n’auraient jamais l’idée de se masturber l’un devant l’autre, parce qu’ils se sentiraient révélés dans une sauvagerie de leur sexualité. C’est une chose de toucher l’autre ou de se faire toucher, c’en est une autre d’officialiser une sorte de scénario d’acteur pornographique. Pour certains c’est très excitant parce qu’il y a l’idée d’exhibitionnisme, mais tout le monde n’est pas exhibitionniste. Il y a aussi la peur d’être filmé et d’être enregistré.

Faut-il se méfier quand on s'adonne à ce genre de pratique ?

Dans les relations d’amour on ne fait pas tout et n’importe quoi. Prouver que l’on aime on se mettant à la merci du pire, c’est une idée curieuse. Dans toute relation on met des choses en place pour se protéger, il y a le temps de l’amour et du désamour, le temps du confort et de la confiance, et aussi le temps des trahisons.

Mais c’est compliqué avec la sexualité. Trop rester sur ses gardes c’est avoir une sexualité interdite, ne pas avoir de réserves c’est la possibilité de se mettre dans des situations douloureuses. J’ai des patients qui s’autorisent des choses, puis quand ils rentrent chez eux ils réfléchissent et vivent dans la peur. Le relation sexuelle est une relation de pouvoir des uns sur les autres, et on mesure l’étendue du pouvoir de l’autre sur nous même.

Peut-on remplacer ces "plans cam" par de la pornographie, tout simplement ?

Mais est-on toujours obligé de voir du sexe pour être sexuellement actif soi-même ? Notre imaginaire est tout à fait capable d’inventer toutes les histoires, et pas avec un comédien ou une comédienne mais avec son partenaire. On peut mettre en scène son partenaire comme on le veut dans sa rêverie, et ça ne le mettra pas en danger.