Campagne d'information aux Parisiens, sensibilisation des agents municipaux et défilé de mode pour rondes : la Ville de Paris s'attaque vendredi à la "grossophobie", cette discrimination des gros dans l'emploi, la santé ou plus simplement devant le regard des autres.
Les "corps gros (...) sont disqualifiés, ostracisés". Les "corps gros, qui représentent entre la moitié ou un sixième de la population, selon qu'on parle de surpoids ou d'obésité, sont dans un même mouvement disqualifiés, ostracisés", a indiqué devant la presse Hélène Bidard, adjointe PCF à la lutte contre les discriminations de la maire PS Anne Hidalgo. L'élue parisienne présentait une après-midi de rencontres et tables-rondes entre sociologues, psychologues, militants associatifs, dont l'Américaine Jes Baker, militante anti-discrimination, qui devait se conclure par un défilé de tenues pour personnes fortes, dessinées par cinq jeunes créateurs.
Stéréotypes et discrimination. La "grossophobie", un mot qui n'existe pas dans le dictionnaire, a-t-elle précisé, "exprime cette forme spécifique de rejet" qui regroupe à la fois la honte de soi pour une personne grosse, les stéréotypes qui l'accompagnent (paresse, lenteur, manque de volonté, etc) et les actes discriminatoires à son encontre dans la santé, l'emploi, le sport, les transports, etc.
Campagnes d'information et de sensibilisation. Cette journée, qui se tient dans le cadre d'une "semaine parisienne de lutte contre les discriminations", sera suivie d'une campagne d'information à destination des Parisiens, par affichages ou brochures dans les établissements municipaux. Des campagnes de sensibilisation seront lancées dans les collèges, chez les personnels médicaux travaillant avec la Ville, au service des ressources humaines de la mairie "pour veiller à des processus de recrutements plus justes", selon Hélène Bidard.
Des discriminations qui touchent surtout les femmes. Selon la ville, qui cite l'Organisation internationale du travail (OIT) et le Défenseur des droits, les femmes obèses sont huit fois, et les hommes obèses trois fois, plus discriminés à l'embauche. Selon une étude des mêmes sources en 2015, l'apparence physique est le deuxième critère après l'âge et avant l'origine, le sexe, le handicap, sur la perception des discriminations. La Ville de Paris a par ailleurs "interpellé" le ministère des Transports et la Région Île-de-France, responsable des transports, pour les sensibiliser sur la question.