Gage de propreté et de responsabilité environnementale, le label Pavillon bleu est un peu le Graal des plages françaises. Chaque année depuis 1985, il est décerné à plusieurs centaines de plages, à quelques jours de la saison estivale. Teragir, anciennement la Fondation pour l’éducation à l’environnement en Europe (FEEE), a dévoilé ce vendredi la liste des plages qui obtiennent cette année le fameux petit drapeau couleur océan.
Le millésime 2017 rassemble 390 plages, pour 173 communes. A la clé pour ces villes : une reconnaissance, mais surtout un aimant à vacanciers, synonymes de retombées financières touristiques et commerciales. Mais, avec ses 2.000 km de littoral, la France compte bien plus de plages : environ 4.000 lieux de baignade selon Teragir. Le touriste inquiet préparant ses vacances doit-il éviter tous ces rivages qui n’arborent pas fièrement leur "Pavillon bleu" ? Doit-il s’attendre à une eau polluée, et à des monceaux d’immondices entre sa serviette et son parasol ? Qu'il se rassure, c'est un peu plus compliqué que ça.
Des critères sanitaires et environnementaux. Pour obtenir le précieux sésame, il faut avant tout le vouloir : il faut en effet se porter candidat. La première candidature est gratuite. Il faut ensuite débourser entre 500 et 1.000 euros selon la taille de la commune. Les plages de la municipalité qui demande le label doivent ensuite passer l’épreuve des nombreux critères requis par l’exigeant pavillon.
La liste est longue : eau de baignade "de qualité excellente", sécurité, point d’eau potable à proximité, poubelles sur la plage et politique de recyclage, avec une collecte sélective de trois types de déchets, etc. Les mairies doivent aussi mettre en place au moins cinq actions d’éducation à l’environnement, et garantir une accessibilité aux personnes à mobilité réduite.
Des plages non labellisées mais fiables. Mais que le vacancier se rassure : la liste établie par le label Pavillon bleu ne rassemble pas toutes les plages dignes de baignade et de farniente, loin s’en faut. "Le Pavillon bleu est un label généraliste sur les questions environnementales, qui permet de faire progresser l’état de nos plages, mais surtout de valoriser les actions menées par les maires en faveur du développement durable", explique Thomas Joly, conseiller du président de Teragir et maire de Verrières-le-Buisson dans l’Essonne.
"Il existe plein d’autres plages où on peut se baigner, avec une eau de très bonne qualité, bien-sûr", rassure Thomas Joly, contacté par Europe1.fr. La mention "qualité de l’eau excellente" utilisée par le label Pavillon bleu est d’ailleurs définie selon les données des agences régionales de santé (ARS) qui mesurent régulièrement la qualité de l’eau sur tous les lieux de baignade.
"Eau de qualité excellente", une certification indépendante du Pavillon bleu. De nombreuses plages ne remplissent pas les critères environnementaux du label, mais offrent ainsi une eau certifiée "excellente" ou "bonne" par les ARS, qui contrôlent la qualité en fonction d’analyses bactériologiques. Tous les maires sont tenus d’afficher cette évaluation sur chaque site de baignade, au niveau du poste de secours. Cet affichage est à actualiser en fonction des différents prélèvements réalisés par l’ARS au cours de l’été. Si la plage de vos vacances n’est pas labélisée par le Pavillon bleu, c’est donc à ces relevés qu’il faut se référer. L’Agence européenne pour l’environnement propose aussi des évaluations sur son site.
En résumé : le Pavillon bleu est avant tout un label environnemental. Il certifie une eau de qualité et une plage propre, mais informe aussi les vacanciers qu’ils se trouvent sur une commune engagée dans des actions pour le développement durable. Si un seul critère n’est pas rempli, le label ne peut être décerné. Une plage peut donc tout à fait afficher une qualité de l’eau excellente mais ne pas obtenir le label, faute de remplir les autres critères environnementaux.
Des maires sceptiques. Enfin, si la liste des plages labellisées demeure relativement restreinte, c’est aussi parce que toutes les villes ne souhaitent pas candidater. Certains maires réfractaires se disent même peu intéressés par le fameux pavillon bleu.
C’est le cas d’Olivier Paz, maire de Merville-Franceville-Plage, dans le Calvados. Alors que la commune avait obtenu à plusieurs reprises le Pavillon bleu entre 1995 et la fin des années 2000, la municipalité a décidé de ne plus y candidater. Son maire, contacté par Europe1.fr, regrette la méthode d’évaluation du jury : "Il s’agit d’un prix délivré a posteriori, basé sur les relevés des années précédentes. Or l’expérience montre que les changements au niveau de la qualité de l’eau peuvent être très rapides, causés par de grosses pluies par exemple."
Olivier Paz a donc préféré se limiter aux normes de la directive européenne, et se fier à des analyses régulières. "Pour dix jours, nous effectuons trois analyses de la qualité de l’eau. Un protocole est prévu en cas de pollution pour fermer la plage. Il me semble que c’est assez efficace. Le label Pavillon bleu répond surtout à une logique de marketing pour attirer les touristes", avance l’élu. Des maires des Pyrénées-Atlantiques avaient également critiqué le label en 2015 dans le quotidien local La République des Pyrénées.
"C’est leur liberté de choix, et c’est tout à fait normal", répond Thomas Joly de Teragir aux maires sceptiques, avant d’assurer : "Teragir travaille à rendre les objectifs de développement durable du label plus populaires pour les maires, qui doivent se les approprier".