"J'ai pris cette décision en mon âme et conscience et je l'assume. Mais je comprends la colère qu'elle a pu susciter", a affirmé le patron des gendarmes, le général Richard Lizurey, devant la commission d'enquête du Sénat qui l'auditionnait mercredi matin dans l'affaire Benalla.
"L'expérience" de Benalla. En cause : sa décision d'octroyer à Alexandre Benalla le grade de lieutenant-colonel spécialiste de la réserve opérationnelle dans la gendarmerie. Un grade justifié selon lui par l'"expérience" de l'ex-conseiller du chef de l'Etat dans la protection des personnalités. "Ce n'était pas au titre de sa fonction qu'il a été recruté, mais au titre de son expérience" dans la protection des personnalités, a-t-il précidé, ajoutant que ce titre était "temporaire" et "ne lui permettait ni d'encadrer ni de commander".
Les cinq barrettes or et argent sur l'épaule sont une question de crédibilité, a plaidé Richard Lizurey : "Dans le monde militaire, quand on discute avec de gens, souvent, le premier réflexe c'est de regarder le code-barres, on regarde ce qu'il y a sur les épaulettes", a-t-il relevé. "Il me paraissait important que je le positionne à un niveau où les gens l'écoute, mais encore une fois, ce grade n'emporte aucune autorité sur quel que personnel de la gendarmerie que ce soit", a-t-il insisté.
"Aucune information négative". Alexandre Benalla était engagé dans la réserve opérationnelle de 2009 à 2015 dans le cadre d'un travail de sécurité publique général dans le département de l'Eure, a également indiqué le patron de la gendarmerie qui précise que durant cette période, le désormais ex-conseiller du chef de l'Etat avait donné "satisfaction".
Interrogé sur l'épisode de tentative de fuite après un accident de la route, raconté par l'ex-ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg, Richard Lizurey affirme qu'il "ignorai(t)" cet épisode et ne disposait, au moment de prendre sa décision pour le nommer, d'"aucune information négative" sur Alexandre Benalla.
"Une décision personnelle. Questionné ensuite sur la vérification des antécédents d'Alexandre Benalla, la patron des gendarmes a expliqué qu'elle avait eu lieu en 2009, au moment où Alexandre Benalla a rejoint la réserve. "Au moment où il change de statut fin 2017, il n'est pas utile de refaire ce travail de criblage", a-t-il assuré.
Quant à savoir si l'Elysée a joué un rôle dans l'obtention de ce grade, la réponse du général est catégorique : "Non à aucun moment", tranche-t-il. "Personne ne m'a contacté et je n'ai contacté personne à l'Elysée. C'est une décision personnelle que j'assume", conclut-il.