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T.M. , modifié à
Le général Soubelet, ex-numéro 3 de la gendarmerie et auteur de "Tout ce qu’il ne faut pas dire" a réagi à l'annonce de sa sanction, sur Europe 1.
INTERVIEW

Il est sorti de son devoir de réserve et a franchi la ligne rouge. L’ex-numéro 3 de la gendarmerie Bertrand Soubelet paye aujourd'hui sa trop grande liberté de parole. Son livre à succès, Tout ce qu’il ne faut pas dire - insécurité, justice : un général de gendarmerie ose la vérité, publié en mars, lui vaut d’être sanctionné.

"Une situation relativement inédite". "Un décret du président de la République va désigner mon successeur dans quelques jours et ipso facto me mettre dans une situation relativement inédite : je serai dans une position de non-affectation", explique-t-il sur Europe 1.

"Aucune motivation n'a été annoncée". L'actuel commandant de l'outre-mer a reçu mercredi soir à son bureau le directeur des ressources humaines (DRH) pour lui signifier cette décision. "Il m’a simplement annoncé qu’une décision avait été prise en haut lieu. Aucune motivation n’a été annoncée. A vrai dire, je ne l’ai pas demandé. Jusqu’à présent, on ne m’a pas fait de reproche sur la manière dont j’ai mené les affaires à la tête de la gendarmerie des outremers. Donc j’imagine que ça doit être mon livre qui est à l’origine de cette décision", confie-t-il. "Probablement que mon livre doit constituer une très grande menace pour la République, puisqu’on m’enlève de mon commandement."

Rouvrir le débat. Il est notamment reproché au général Soubelet d’avoir été "déloyal", en n’avertissant pas sa hiérarchie de la publication de ce livre, où il s’exprime publiquement ce qui se passe en matière de sécurité en France. "Est-ce que j’étais tenu d’aller rendre compte et dire à mon chef que j’avais l’intention d’écrire un livre ? Tout ça n’est écrit nulle part, tout ça fait partie d’une culture qu’il y a dans le milieu militaire. C’est souvent une autocensure. Je ne me suis pas senti tenu par cette autocensure parce que je souhaite qu’on rouvre aujourd’hui, dans notre pays, le débat sur la place des militaires dans notre démocratie et sur leur liberté d’expression", conclut-il.

Bien avant son livre, le général Soubelet avait été muté en 2014 en outre-mer en raison de ses propos contre la politique pénale française. Ses assertions lui avaient déjà attiré les foudres de sa hiérarchie et du ministre de l'Intérieur de l'époque, Manuel Valls, et suscité la sympathie de nombreux gendarmes le qualifiant de "général courage".