Le chiffre. Ils dorment dehors ou dans des structures d'hébergement, sont en majorité étrangers et parfois travaillent : en 2012, la France comptait 112.000 sans domicile fixe. Un chiffre en hausse de 44% en 11 ans, selon une étude de l'Insee publiée mercredi.
La méthode de l'Insee. Dans ce nouveau "Portrait social de la France", l'Insee dévoile la "grande diversité" de la population SDF en France. L'institut a mené une enquête sur les personnes ayant fréquenté les services d'hébergement ou de restauration dans les agglomérations de plus de 20.000 habitants, au premier trimestre 2012. La dernière enquête de ce type remontait à 2001.
Un chiffre forcément sous-évalué. Le nombre de SDF révélé par l'Insee est forcément sous-évalué puisqu'il ne comprend pas ceux qui ne fréquentent aucun service d'hébergement ou de restauration, et ceux vivant dans des communes rurales ou de moins de 20.000 habitants.
>>> Voici les cinq enseignements à retenir de cette grande enquête de l'Insee
La majorité sont nés à l'étranger. Selon cette enquête, une majorité de sans-domicile (55%, 45.000 personnes) sont nés à l'étranger, dont plus de la moitié dans un pays d'Afrique (Maghreb et Afrique sub-saharienne), souvent francophones. Parmi les 16.000 non-francophones, deux tiers sont nés dans un pays d'Europe de l'Est ou en ex-URSS. Et parmi les SDF nés à l'étranger, 40% sont accompagnés d'enfants, contre seulement 16% pour les sans-domicile nés en France.
44% des SDF vivent dans l'agglomération parisienne. La population de SDF est très présente dans les grandes agglomérations, notamment dans la capitale. L'agglomération parisienne concentre à elle seule autant de SDF que l'ensemble des agglomérations de plus de 200.000 habitants. Seuls 10% vivent dans les villes de 20.000 à 200.000 habitants.
Un sans-domicile sur dix est sans-abri. Les mieux lotis (30%, en majorité des familles) sont hébergés dans un logement fourni par une association et un tiers bénéficie de places dans des centre d'hébergement collectif où l'on peut rester la journée. Mais près de 4 SDF sur 10 vivent dans des conditions plus précaires, dans des centres qu'ils doivent quitter tous les matins sans être assurés de retrouver une place le soir ou dans des hôtels. Et 10% sont sans-abri. Une proportion qui monte à 14% en région parisienne, en raison du nombre croissant de sans-domicile et de la pression immobilière.
24% des SDF travaillent. Sans surprise, les SDF disposent de ressources mensuelles très faibles : 80% ont moins de 900 euros par mois, et 30% n'atteignent même pas 300 euros. Plus des trois quarts sont inactifs ou au chômage et, plus inattendu, 24% travaillent, mais occupent souvent des emplois à temps partiel, peu qualifiés et précaires. Ils sont majoritairement employés ou ouvriers, et 22% n'ont aucun contrat de travail.
Un parcours chaotique. Parmi les 66.300 SDF francophones interrogés de manière plus approfondie par l'Insee, une grande majorité (86%) dit avoir vécu dans leur enfance au moins un événement douloureux lié à l'environnement familial (problème de santé grave, handicap, décès d'un parent). En outre, 25% ont été placés en famille d'accueil ou en foyer dans leur enfance.