"Une part croissante de la population en est réduite à survivre". A l'occasion de la publication d'un sondage Ipsos, le Secours Populaire tire la sonnette d'alarme sur l'augmentation de la pauvreté en France. Selon le baromètre annuel Ipsos sur la perception de la pauvreté par les Français que l'association dévoile mercredi, 55% des personnes interrogées déclarent avoir été sur le point de connaître la pauvreté. Et 35% d'entre elles ont vu leur crainte se matérialiser en 2014.
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Quand est-ce qu'on est pauvre ? Selon l'étude, les Français considèrent qu'une personne seule est pauvre lorsqu'elle dispose d’un revenu mensuel net de moins de 1.070 euros en moyenne. Une somme légèrement inférieure au SMIC mensuel net, qui s'élève à 1.112,94 euros, depuis le 1er janvier 2014. Si pour les Français le cap est au dessous des 1.070 euros mensuel, les statistiques officielles de l'INSEE établissent à 977 euros le seuil de pauvreté, en 2011.
Pour les Français, le sentiment de pauvreté ne se résume pas au seul fait de peiner à satisfaire ses besoins primaires, à savoir se nourrir, se loger et se soigner. Selon l'étude Ipsos, les marqueurs de pauvreté se retrouvent également dans la difficulté à payer ses factures d'énergie et de s'offrir la possibilité d'avoir une alimentation saine et équilibrée.
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Qui craint de devenir pauvre ? Autant de marqueurs de pauvreté craints par plus de la moitié des Français. 55% déclarent qu’ils se sont déjà dit, à un moment de leur vie, qu’ils étaient sur le point de connaître une situation de pauvreté. Un chiffre en hausse de 10 points par rapport à 2007. Cette crainte est plus vive chez les femmes (61% contre 48% des hommes), les non-diplômés (69%) et les catégories socioprofessionnelles modestes (66%).
Qui le devient vraiment ? Et la crainte devient parfois réalité. Ainsi, sur les 55% des personnes sur le point de connaître la pauvreté, 35% d'entre elles ont vu leur crainte se matérialiser en 2014. Certaines catégories de population ont été particulièrement impactées par la crise économique. C'est notamment le cas des jeunes : 33% des moins de 35 ans ont déjà effectivement connu une situation de pauvreté. On retrouve également les femmes, les Français habitant dans des zones rurales ou des communes de taille modeste et les employés et ouvriers.
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5,60 euros par jour en moyenne. Pour ces personnes, difficile donc de mettre de l'argent de côté, ou même de finir les fins de mois. Le Secours populaire, qui a sondé les ménages qui font appel à leurs services, estime que des milliers de personnes en France vivent avec 5,60 euros en moyenne par jour, une fois s'être acquitté de ses factures.
Parmi ces personnes, 30% d'entre elles disposent de ressources inférieures à 750 euros, pour 43% elles sont comprises entre 750 et 1.250 euros, et pour 20%, elles s'échelonnent entre 1.250 et 1.750 euros. En moyenne, leur revenu "disponible pour vivre" est de 5,60 euros par jour et par personne pour faire face aux besoins alimentaires et vestimentaires, une fois acquittées les charges obligatoires (logement, fiscalité, transport, garde d'enfants, activités extrascolaires et crédits).*
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Des conséquences sur la santé. Les soins sont hors de portée pour beaucoup. 19% ont renoncé au moins une fois à l'achat de prothèses dentaires et 13% l'ont retardé de plusieurs mois, tandis que 18% ont renoncé à se rendre chez le dentiste et 10% ne l'ont fait qu'au bout de plusieurs mois. 14% ont également retardé l'achat de lunettes ou de lentilles, 17% une consultation ophtalmo, 13% l'achat de médicaments, et 10% une consultation chez un généraliste.
Les Français de plus en plus anti-pauvres. Parallèlement à l'étude de l'Ipsos, une étude du Credoc souligne que les Français sont de moins en moins bienveillants vis-à-vis des plus modestes, révèle 20 Minutes. En 2014, 76 % des Français pensent qu’il est plus avantageux de percevoir des minima sociaux que de travailler avec un bas salaire. Autre changement de perception : une majorité de Français estiment que le RSA incite les gens à ne pas chercher de boulot.