>> Il est le premier homme à avoir été visé par #BalanceTonPorc. Eric Brion est l’homme dont parle Sandra Muller, qui a lancé le hashtag peu après les premières révélations de l'affaire Weinstein. La journaliste accuse l'ancien directeur général de la chaîne de télé Équidia de lui avoir envoyé des SMS indécents et d’avoir tenu des propos inappropriés lors d’un cocktail professionnel arrosé, en 2012. Un an après ces accusations, Éric Brion est venu donner sa version des faits au micro de Nikos Aliagas, vendredi matin. S'il reconnaît avoir mal agi, il se défend de tout harcèlement à l'encontre de Sandra Muller, donne les raisons de la plainte pour diffamation qu'il a déposée contre elle et se confie sur l'année difficile qu'il vient de vivre.
"Je suis le premier balancé. [...] J’aurais pu nier les faits, comme beaucoup de gens ont pu le faire avant, parole contre parole. Mais j’ai choisi de reconnaître que j’avais tenu certains des propos qu’elle met dans ma bouche. […] Notamment le début, et je n’en suis pas très fier : 'T’as de gros seins, tu es mon type de femme', j’ai dit ça à une soirée arrosée. Et cette phrase s’est transformée dans son tweet en harcèlement sexuel a caractère professionnel. Or, contrairement à tout ce qui a été dit et répété, je n’ai jamais été son patron, son collaborateur, je n’ai jamais travaillé avec elle.
>> Réécoutez l'interview d'Eric Brion au micro de Nikos Aliagas :
Je ne considère pas l'avoir harcelée. Harceler, c'est la répétition. J'ai été lourd, couillon, j'ai mal agi, je me suis excusé le lendemain, je me suis de nouveau excusé publiquement. Ce n'est pas du harcèlement, j'ai été lourdingue. [...] Je regrette, j'ai réfléchi sur ce sujet, évidemment. Et j'invite tous les hommes, mais aussi les femmes, qui parfois peuvent agir comme cela, à réfléchir sur leurs relations avec l'autre. [...]
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Petite précision, il n’y a jamais eu de SMS. Ça fait partie du mythe, il y a juste eu des paroles déplacées lors d’une soirée arrosée. [...] Je lui ai dit sur un ton ironique, après qu’elle m’a dit 'stop', j’ai ajouté : 'Dommage je t’aurais fait jouir toute la nuit' [...] Quand on met ça sur un tweet, on ne voit pas le ton avec lequel on l’a dit.
Il faut savoir que Sandra Muller, je la connais depuis 20 ans, on se tutoie, on se croise dans notre milieu professionnel des médias. A mon avis, elle a saisi une opportunité, elle fait ça une semaine après le début de l'affaire Weinstein. Et puis, la deuxième raison, qui n'est pas forcément connue, c'est qu'on a eu un vrai contentieux dans le passé. Elle me reproche par exemple de ne pas avoir été un de ses lecteurs, un de ses clients, de ne pas m'être abonné [Sandra Muller est directrice de La lettre de l'audiovisuel, ndlr]. Tout ça, je l'explique dans le dossier du procès qui va arriver.
Je l'attaque pour diffamation. J'ai pris le temps avant de déposer cette plainte. Parce qu'au début, ce qu'il faut comprendre, c'est qu'on est sidéré, on est littéralement broyé. On voit son nom partout, on ne comprend pas. On se dit, au fond, 'peut-être qu'on va m’appeler pour me demander si c'est vrai, tout bêtement'. Je fais le procès parce que d’abord, je n’ai pas fait de harcèlement sexuel à caractère professionnel. Et je le fais aussi pour mes filles, mes petits-enfants, arrière-petits-enfants. Quand ils taperont mon nom sur Google, ils ne verront pas harceleur. Ils verront qu’Eric Brion a été blanchi, je l’espère. […]
Je ne vois pas ce qu’il pourrait y avoir dans le livre que va sortir Sandra Muller sur cette affaire, qu’elle n’aurait pas mis dans les conclusions de son avocat, il y a un procès en cours. Il aura lieu l’année prochaine normalement. Si elle avait des preuves, des choses, elle les aurait mises dans le dossier. Moi, je peux vous le dire, j’ai lu les conclusions : il n’y a rien dans le dossier.
Tout a changé dans ma vie. Aujourd'hui, je n'ai pas de travail, j'en cherchais à l'époque, tout le monde m'a tourné le dos dans le monde professionnel. Pas la famille, parce qu'elle est soudée, j'ai une très belle famille, ma sœur, mes filles, mes parents. Mais des copains sont partis parce qu'ils ont cru les ragots et les rumeurs, par exemple que j'avais envoyé des SMS de harcèlement, ce qui est faux. Des gens ont cru que j'étais son patron, ce qui est faux. Et puis j'ai perdu ma compagne alors qu'on n'était pas du tout ensemble à l'époque des faits, mais elle n'a pas supporté. Elle est partie.
On en a beaucoup parlé avec ma grande, je pense qu’elle a compris. Elle a 19 ans, donc elle est exposée aux regards, aux réflexions, aux remarques. Et la petite, c'est terrible ce que je vais dire, mais je n'arrive pas à lui en parler. Je sais que je devrais lui en parler mais vous savez, parler à une petite fille de bientôt 13 ans, qui vous regarde comme LE papa, je n'y arrive pas."