Huit Français sur dix considèrent que les seniors "perdent leur autonomie de choix" lorsqu'ils entrent en maison de retraite, ce qui s'apparente à une "double peine" pour des personnes déjà fragilisées par le grand âge, selon une étude du Credoc (Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie) publiée lundi.
Encore plus de perte d'autonomie en maison de retraite. "On entre en structure d'accueil parce que l'on a perdu en autonomie. Mais on perd un peu plus encore en autonomie en y entrant... Ce moment est ainsi perçu comme une double peine pour les intéressés", résument les auteurs de cette étude réalisée pour le groupe de réflexion Terra Nova, la Caisse des dépôts et l'assureur AG2R La Mondiale. Cette enquête est rendue publique alors que le gouvernement lance lundi une "concertation" devant mener avant fin 2019 à une loi sur le financement de la dépendance.
"On est mal préparé". Pour huit personnes sur dix, l'entrée en maison de retraite entraîne un "soulagement" pour les proches, mais implique une perte "d'autonomie de choix" pour le senior concerné. "Depuis 10 ou 15 ans, la tendance est de privilégier le maintien à domicile le plus longtemps possible. Du coup, quand les gens arrivent en maison de retraite, ils sont beaucoup plus âgés, et dans un état de santé beaucoup plus dégradé", relève le directeur général de Terra Nova, Thierry Pech. "Et comme dans la famille on a attendu le dernier moment pour en parler, on est mal préparé, et forcément ça ne se passe pas très bien".
21% des aînés en maison de retraite sous la contrainte. Parmi les personnes qui se disent "bientôt" concernées par l'entrée en maison de retraite d'un de leurs proches, 42% disent n'avoir pas encore évoqué cette question avec la personne âgée concernée. Selon l'étude, seuls 19% des aînés qui viennent de faire leur entrée en Ehpad (établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes) ou qui s'apprêtent à y entrer ont fait ce choix eux-mêmes. Dans 18% des cas, le senior n'était pas en capacité à s'exprimer, dans 39% la décision a été prise "en concertation" avec la famille, et dans 21% des cas "de manière contrainte".