Les inquiétudes nourries par la crise sanitaire depuis plus d'un an ont rendu certaines personnes plus poreuses aux discours des gourous et autres pseudo guides spirituels. 6:16
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Europe 1
Invitée d'Europe Midi, Marie Drilhon, la présidente de l’antenne Yvelines de l'Association de défense des familles et de l’individu victimes de sectes, rapporte une augmentation des signalements depuis le début de la crise. De nombreux mouvements se seraient crées autour des thématiques sanitaires. 
INTERVIEW

La crise du Covid-19 a dopé la circulation des fausses informations et des thèses complotistes. Les discours sectaires se sont également adaptés aux angoisses nourries par les incertitudes sanitaires, exploitant de nouvelles fragilités au sein de la population. C'est ce qui ressort d'un rapport de la Miviludes daté du 22 juillet, et couvrant la période 2018-2022. La Mission interministérielle contre les dérives sectaires y note une augmentation de 40% des signalements par rapport aux chiffres de 2015. Entre mars et décembre 2020, quelque 200 saisines étaient directement liées à la crise sanitaire.

Des dérives associées aux questions de santé

"Nos associations ont constaté depuis le début de la pandémie une augmentation des signalements. On comprend bien que la population a été fragilisée [...]. Certains mouvements en ont profité", abonde auprès d’Europe 1 Marie Drilhon, la présidente de l’antenne de l'Association de défense des familles et de l’individu victimes de sectes (ADFI) dans les Yvelines. "D'autres se sont créés autour de la vaccination, du pass sanitaire et des nouvelles règlementations", pointe-t-elle.

"Dans la catégorie de la santé et du bien-être, on savait depuis très longtemps qu'il y avait toute une catégorie de personnes antivaccins, opposées aux laboratoires pharmaceutiques, etc", poursuit cette responsable associative. "Mais là, c'est vraiment ressorti au grand jour. Dans les derniers signalements que nous avons reçus, certaines personnes n'auraient jamais pensé que leurs proches se couperaient à ce point-là de leur entourage", rapporte Marie Drilhon.

"Les évènements de la vie font des périodes de fragilité"

"Les victimes trouvent des réponses, ou au moins du réconfort, sur les réseaux sociaux, sur des sites, ce qui a créé des communautés virtuelles dont il est parfois difficile de sortir", décrypte encore cette spécialiste des mouvements sectaires. "Dans une situation d'isolement ou de doute, on est content de retrouver des gens qui pensent comme nous. C'est un engrenage qui peut aboutir à une reconstruction complète de la vision du monde." Certains mouvements religieux ont d’ailleurs développé avec l'arrivée du virus un discours eschatologique très marqué, généralement sur le thème de la punition divine.

Marie Drilhon appelle à la vigilance en cette période difficile. "On peut tous, à un moment ou un autre, avoir un moment de fragilité sans en être parfaitement conscient. Les évènements de la vie font des périodes de fragilité plutôt que des profils de fragilité", insiste-t-elle.