Une dizaine de familles de cultivateurs de lavande assignent l'Union européenne en justice. Il estime que l'UE n'en fait pas assez contre le réchauffement climatique, qui tue leur récolte à petit feu chaque année.
"L'année dernière, il y a eu six mois sans pluie". Dans la famille Feschet, on cultive de la lavande depuis cinq générations à Grignan, dans la Drôme, mais pas sûr qu'il y en ait une suivante. Ces dix dernières années, Maurice Feschet, aîné de la famille, a vu sa récolte de lavande être quasiment divisée par deux. L'espérance de vie de ses plants est passée d'une vingtaine d'années à cinq ans, tandis que sa surface cultivable a été divisée par cinq. Pour lui, le coupable est tout trouvé : le changement climatique. "C'est catastrophique... L'année dernière, il y a eu six mois sans pluie, avec trois semaines au-delà de 30°C au mois de mai. (...) Les lavandes ne sont pas des cactus !", s'agace le cultivateur au micro d'Europe 1.
Maurice Feschet n'est pas le seul cultivateur de lavande à tirer la sonnette d'alarme. Avec d'autres familles, roumaines, suédoises ou encore italiennes, elles aussi menacées par la montée des eaux ou la hausse des températures, ils ont attaqué l'Union Européenne en justice, pour "inaction climatique" et "violation des droits humains".
"L'Union Européenne est responsable de leur protection". Marie Toussaint, juriste en droit international à l'environnement, soutient les Feschet et les autres familles. Pour elle, l'Europe ne remplit pas son rôle face au changement climatique. "On part du principe que des préjudices ont été subis par ces familles et que l'Union européenne est responsable de leur protection. Pour l'instant, la Cour de justice européenne a simplement reconnu que des droits individuels étaient bafoués et donc que la plainte méritait d'être étudiée", explique-t-elle.
La récente victoire d'un jardinier américain face au géant Monsanto, en Californie, donne de l'espoir à ces familles de cultivateurs. Ces militants écologistes veulent forcer la main des pouvoirs publics grâce aux tribunaux. La Cour de justice européenne a maintenant deux mois pour leur répondre.