Marcel Campion, déjà dans le viseur de la justice, fait l'objet d'une enquête qui s'intéresse notamment aux conditions d'attribution par la ville de Paris des emplacements des célèbres attractions du "roi des forains", a-t-on appris mercredi de source judiciaire, confirmant des informations du Canard Enchaîné.
Une information judiciaire ouverte. Comme l'a révélé l'hebdomadaire, le parquet de Paris a ouvert le 4 juillet une information judiciaire pour "participation à une entente illicite, favoritisme, abus de biens sociaux, recel et blanchiment de ces délits en bande organisée et blanchiment de fraude fiscale". L'enquête instruite par le juge Renaud Van Ruymbeke vise les deux sociétés de Marcel Campion (76 ans), "Fêtes et loisirs" et "Loisirs associés". Elle fait suite à une enquête préliminaire déclenchée en octobre 2015 après la publication d'articles du Canard Enchaîné.
"Un simulacre d'appels à la concurrence". Les enquêteurs s'intéressent notamment aux conditions d'attribution par la ville de Paris des emplacements de certaines attractions comme la Grande roue de la place de la Concorde et le marché de Noël des Champs-Elysées, gérés par les sociétés de Marcel Campion. Dans son article, l'hebdomadaire affirme que "depuis des années, l'Hôtel de ville attribue à Campion les meilleurs emplacements, après un simulacre d'appels à la concurrence".
Une perquisition envisagée à la mairie. Début juillet, les policiers de l'Office central de lutte contre les infractions financières et fiscales, saisis de l'enquête préliminaire, ont envisagé de perquisitionner les locaux de l'hôtel de ville, mais l'opération n'a finalement pas eu lieu, selon une source proche de l'enquête. Le directeur des affaires juridiques de la mairie doit être entendu prochainement, comme simple témoin, dans le bureau du juge, selon la même source. La municipalité a fait valoir dans un communiqué mardi, à la veille de la sortie du Canard enchaîné, s'être "engagée depuis plusieurs années déjà à ce que ses principales conventions d'occupation du domaine public fassent l'objet de mise en concurrence", notamment dans le cas de l'installation de la Grande roue.
La Ville de Paris se constitue partie civile. "La société 'Fête et loisirs'" étant liée à la Ville de Paris par des conventions d'occupation du domaine public", la collectivité a décidé de se constituer partie civile dans la procédure pour "faire respecter ses droits" et "protéger son image, en s'assurant (...) qu'aucune des procédures d'attribution qui concernent la société 'Fête et Loisirs' n'a été faussée". Les activités de Marcel Campion à la fête foraine des Tuileries et à la Foire du Trône font également l'objet d'investigations dans le cadre d'une autre enquête instruite par un juge sur des soupçons notamment de "blanchiment de fraude fiscale, abus de confiance et travail dissimulé".
Un PV contre la Grande roue pour occupation illicite. L'installation de la Grande roue présente sur la place de la Concorde jusque mi-septembre est par ailleurs dans le collimateur de la Direction des affaires culturelles (Drac). L'administration de la culture a dressé un procès-verbal pour occupation illicite sur un site classé, en raison du non respect des délais autorisés. Ce PV a été transmis aux services du parquet qui doivent décider ou non de l'opportunité de poursuites, selon une source judiciaire.
Marcel Campion se défend de toute irrégularité. "Aucune concession n'a jamais été attribuée à une de mes sociétés par la mairie de Paris sans appel d'offre" et "aucune de mes sociétés n'a jamais bénéficié du moindre favoritisme", s'est défendu jeudi le "roi des forains" dans un communiqué. "Une caste me reproche une seule chose : être un forain qui a réussi. Pour cette caste, la place d'un forain c'est dans sa caravane sur un parking de supermarché, pas place de la Concorde", a-t-il ajouté.