Lisa est fâchée avec sa mère de 100 ans : "Je n’attends plus rien"

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Léa Beaudufe-Hamelin , modifié à
Cela fait quatre mois que Lisa et sa mère, âgée de 100 ans, ne se parlent plus. Malgré ce qu’elle lui reproche, Lisa se demande si elle ne devrait pas néanmoins aller la voir. Cette dernière raconte à Olivier Delacroix, au micro de "La Libre antenne" sur Europe 1, sa relation conflictuelle avec sa mère.
TÉMOIGNAGE

Lisa rencontre des problèmes relationnels avec sa mère âgée de 100 ans. Elles se sont fâchées et ne se parlent plus depuis quatre mois environ. Lisa reproche à sa mère de nombreuses choses, notamment d’avoir rejeté l’une de ses sœurs tombée dans l’alcool et la drogue. Au micro de "La Libre antenne" sur Europe 1, Lisa se confie à Olivier Delacroix sur sa relation tumultueuse avec sa mère et explique les raisons pour lesquelles elles ne se parlent plus.

 

" Ma maman a 100 ans. Je me suis fâchée avec elle il y a trois ou quatre mois. Elle a toute sa tête, elle est très intelligente. Elle a son caractère, même si elle est un peu fatiguée. Je l’ai toujours adorée. Elle a vécu des moments difficiles avec mon père, parce que c’était violent entre eux. Nous, les enfants, en subissions évidemment les conséquences. Elle n’a pas toujours eu la vie facile. Elle n’avait que ses enfants puisqu’elle n’avait pas de famille. Nous sommes quatre enfants, mais j’ai perdu une sœur il y a un an.

" Elle nous transmettait ses angoisses "

J’ai découvert au décès de mon père en 2007, qu’elle avait un autre visage. Je suis tombée de l’armoire. Ça a été vraiment très compliqué pour moi qui étais en adoration devant ma mère. Elle nous racontait souvent qu’elle avait souffert. Nous étions tous les quatre à la regarder en amour et, en même temps, en souffrance. On sentait bien qu’elle nous transmettait ses angoisses. Nous avons grandi comme ça.

Ma petite-sœur, qui est partie il y a un an, a rencontré des problèmes dans son parcours. Elle a commencé à fréquenter des gens peu fréquentables. Elle a touché à l’alcool et à la drogue. Elle a passé une partie de sa vie en hôpital psychiatrique. Elle s’est mise à boire de l’alcool de plus en plus. Je la récupérais à n’importe quelle heure du jour et de la nuit. Quand elle était à bout de force, elle venait frapper à ma porte. J’essayais toujours de lui laisser la porte ouverte, parce qu’elle était rejetée. Je ne suis pas un ange, j’étais quelques fois dure avec elle, parce que c’était parfois insupportable.

" Je me suis disputée avec ma famille "

En revanche, du côté de mon autre sœur et de ma mère, ça a été beaucoup plus dur ces quinze dernières années. Je pense qu’elles étaient à saturation. Ma mère vieillissant avait de plus en plus envie d’avoir la paix. Je l’ai trouvée très dure parce qu’elle a mis ma sœur de côté. Elles ont été très dures avec elle. J’ai tapé du poing sur la table et dit les choses comme d’habitude. Cela m’a valu pas mal d’histoires. Je me suis disputée avec ma famille.

J’ai un peu craqué ces derniers temps. Je me suis mise en colère parce que ma sœur était très malade, je l’ai vue mourir à l’hôpital. Ces derniers mois, elle avait de plus en plus de mal à respirer parce qu’elle fumait trop. Je me suis retrouvée à faire seule 40 kilomètres pour aller voir ma sœur. Ma mère et mon autre sœur ne sont jamais allées la voir à l’hôpital. J’ai vécu cela d’une manière très dure et je leur en veux énormément.

" Elle est dans le déni "

Il y avait déjà des choses qui n’allaient pas très bien avec ma mère. Il y a des moments où je suis partie, et je suis revenue. On culpabilise parce qu’on se dit que c’est notre mère et qu’il faut y aller. Je ne peux pas ne pas lui parler. En fin de compte, j’y allais et quand je revenais, j’étais plus mal que quand j’étais partie. Au bout d’un moment, je me suis dit que ce n’était pas la peine de continuer à y aller si ça se passait comme ça.

J’ai tenté de lui parler, mais elle est complètement fermée. Elle a 100 ans et dit que, de toute façon, elle n’en a plus pour longtemps. La remise en cause risque de la faire trop souffrir. Ce n’est pas mon but de la faire souffrir. J’ai l’impression qu’elle a envie qu’on lui foute la paix. Elle est dans le déni parce que quand la vérité gêne, elle n’entend pas, elle ne voit pas. Elle prend sa tête dans ses mains et ne veut rien savoir. Quand la réalité est trop forte, elle ne peut pas l’accepter.

 

Je n’attends plus rien maintenant. Ça ne me manque pas de ne pas la voir. C’est dur à dire, mais elle ne me manque pas. Je pense à elle et je me dis qu’il faudrait que j’aille la voir. Mais si je vais la voir, qu’est-ce que cela va changer ? Pour elle, cela ne changerait rien, il n’y a pas d’évolution de son côté. En plus on n’aurait pas grand-chose à se dire. Ce serait juste pour lui faire coucou avant qu’elle s’en aille. "